« Le fonctionnement du FMI n’est plus adapté à l’économie mondiale »

, par Médiapart

Malgré l’échec annoncé d’une candidature « du Sud » à la tête du Fonds monétaire international, le Brésil est devenu un acteur majeur du dialogue international. Une position analysée par Sebastião Velasco, professeur de science politique et de relations internationales à l’Université d’Etat de Campinas (Unicamp), au Brésil.

Propos recueillis à Sao Paulo (Brésil) par Marilza de Melo Foucher

Le Brésil défend un rôle plus important pour les pays émergents au sein du FMI et de la gouvernance mondiale mais, pour succéder à Dominique Strauss-Kahn, il semble qu’il existe peu d’espoir que le poste revienne à un pays émergent. Les pays de l’UE représentent 35,6% des droits de vote au conseil du FMI. Il suffit donc que les États-Unis (16,8%) et le Japon (6,25%) se rangent à leur candidat pour que l’affaire soit pliée. Quelle est votre analyse sur ce nouveau jeu politique mondial ?

Le FMI est une institution que nous connaissons bien car le Brésil a été obligé de faire appel à lui pendant la crise économique des années 1980. Nous avons été très dépendants du FMI et très endettés pendant longtemps. Une des réalisations du gouvernement de Lula a été de payer la dette accumulée auprès du Fonds monétaire international. Aujourd’hui, non seulement la dette est remboursée, mais le Brésil est devenu un pays contributeur en devises et une force de proposition.

On peut le constater ces derniers jours dans l’agitation autour du remplacement de Dominique Strauss-Khan. Le Brésil, l’Inde, l’Afrique du Sud, la Chine défendent l’idée que la direction du FMI devrait dans un futur proche être exercée par des économistes des pays émergents. La règle non écrite voulant que les Etats-Unis occupent la direction de la Banque mondiale et l’Europe celle du FMI est pour la première fois ouvertement contestée et le Brésil est un des chefs de file de cette résistance. Le Brésil a joué un rôle très important dans l’agrégation des forces des pays en voie de développement vers une ouverture, voire une démocratisation des institutions multilatérales. Le Brésil a passé les dernières années du gouvernement de Lula à questionner la façon dont ces organisations sont gérées.

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