Le Sénégal, terre de migrations

Introduction

Introduction

, par CRECSI

Février 2011, Dakar, Sénégal : foules bigarrées qui se déplacent en tous sens sur le campus de l’université Cheikh Anta Diop, échanges linguistiques un peu compliqués : nous sommes au cœur du Forum Social Mondial. Pour sa 11ème édition, le FSM a retrouvé l’Afrique. Après Nairobi en 2007, c’est l’Afrique de l’Ouest qui est à l’honneur. De partout sont arrivées des caravanes et des délégations venues assister à ce temps fort de la mouvance altermondialiste. Le choix du Sénégal n’est pas anodin. Base de départ des esclaves vers les Amériques, l’île de Gorée, au large de Dakar, est devenue cette année symbole de l’espoir de migrations réussies comme en témoigne la charte mondiale des migrants lancée sur l’île les 4 et 5 février.

Pendant ce FSM, la question des migrations internationales, et plus particulièrement en Afrique est une thématique majeure : témoignages multiples de ceux qui ont tenté (et raté le plus souvent) le grand voyage, débats sur la mise en place des textes officiels européens, marche vers les bureaux de la FRONTEX (agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures des Etats membres de l’Union Européenne).
Ces migrations ont été abordées sous de nombreux aspects : focus sur la situation des migrants, sénégalais et plus largement africains de l’Ouest, candidats au départ de ce pays longtemps considéré comme un modèle démocratique et économique de l’ancienne AOF (Afrique Occidentale française) : migrants confrontés aux politiques d’arrêt aux migrations, migrants poussés aux dangers des migrations clandestines et en butte aux nouveaux dispositifs de contrôle mis en place par l’Europe, migrants contraints au retour et à une réinsertion difficile car mal accompagnée par l’Etat sénégalais et malgré l’aide d’une société civile qui se mobilise autour de cette question douloureuse.

La migration est un phénomène séculaire, une réalité mondiale structurelle. Néanmoins, aux causes déjà connues telles que les raisons économiques ou les conflits, s’ajoutent aujourd’hui les causes climatiques et environnementales.
Comment imaginer alors vouloir arrêter ce mouvement inéluctable lié aux sociétés humaines ? Le droit à la mobilité doit plus que jamais être affirmé, dans le respect de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme qui définit dans son article 13 ce droit inaliénable « Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l’intérieur d’un Etat ».

C’est ce qu’ont réaffirmé les migrants du monde entier en proclamant à Gorée, lieu symbolique, le 4 février 2011, dans la « Charte des Migrants » que « toute personne a le droit de pouvoir choisir son lieu de résidence, de là où elle vit ou de circuler et de s’installer librement sans contrainte dans n’importe quelle partie de cette terre ». Que cet appel lancé à l’Europe et au monde en ouverture du FSM de Dakar soit porteur d’espoir pour un monde plus ouvert et solidaire.