Le Brésil de Lula, huit ans plus tard

, par BEAUDET Pierre

En 2002, le Brésil surprend le monde en élisant à la présidence de la république un ouvrier syndicaliste. Luiz Inácio Lula da Silva, fondateur et chef du Parti des travailleurs (PT) est en effet emblématique d’un grand mouvement populaire qui a déstabilisé la dictature au tournant des années 1980. Par la suite, le PT monte à l’assaut du ciel pour contester le pouvoir historiquement dans les mains de grands caciques venant de l’élite. Peu à peu, la gauche progresse, d’abord en conquérant plusieurs grandes villes où des expérimentations de gestion municipales inédites ancrent le PT et créent de facto une grande coalition comprenant une partie importante des classes moyennes et populaires, urbaines et rurales. Les diverses « gauche » se coalisent également en amenant au PT une grande partie de l’ancienne mouvance marxiste, des chrétiens progressistes, des syndicalistes.
Finalement, tout cela débouche sur la victoire de Lula aux élections présidentielles de 2002, suivi d’un deuxième mandat accordé en 2006. De facto, le PT devient la première force politique du pays, bien que la scène parlementaire demeure extrêmement fragmentée1. Principal adversaire du PT, le Parti social-démocrate brésilien (PSDB), constitue l’autre grand pôle de la scène politique, regroupant la droite traditionnelle avec une partie des secteurs modernistes des élites économiques et des couches moyennes-supérieures.