L’histoire du Chili s’est construite autour des migrations de peuplement, tout d’abord internes au territoire sud-américain au 15e siècle, puis européenne avec la conquête espagnole. Aux 19e et 20e siècles, le Chili est une terre d’accueil pour les populations venues de toute l’Europe, la loi d’« immigration sélective » de 1845 permettant aux immigrant·es de coloniser et de peupler de vastes régions du Sud chilien (Valdivia, Osorno, Llanquihue). Le Chili a accueilli de nombreux·ses réfugié·es républicain·es après la fin de la guerre d’Espagne de 1939 et des juif·ves d’Europe centrale et de l’Est à la vieille de la Seconde Guerre mondiale. Il est à noter également que le Chili possède une forte communauté syro-libanaise et qu’elle accueille la première communauté palestinienne du monde hors Moyen-Orient.
L’élection d’un gouvernement de gauche en 1970 provoqua l’exil d’une partie de l’élite chilienne qui quitta le territoire pour l’Argentine, le Brésil ou les États-Unis afin de protéger leur capital. Suite au coup d’État militaire de 1973, de nombreux·ses Chilien·nes - dont une majorité de jeunes - ont fui la répression brutale et les persécutions massives du régime Pinochet et se sont installé·es durant les 17 ans de la dictature principalement en Suède, en France, en Italie, en Allemagne, en Grande-Bretagne, au Danemark, en Belgique et aux Pays-Bas.
Depuis la fin des année 2000, le Chili est devenu un pays attrayant pour les immigré·es. Il est le pays d’Amérique latine où le nombre d’étranger·ères a le plus augmenté, 50 % des immigré·es vivant sur ce territoire étant arrivé·es à partir de 2010 et la majorité venant du Venezuela et de la Colombie.
Jusqu’en 2018, les conditions étaient idéales pour l’arrivée de migrant·es : une population chilienne vieillissante et un taux de fertilité en-dessous du seuil de remplacement, une situation politique stable, un accès aux services sociaux pour les migrant·es en situation régulière et une flexibilité administrative permettant d’obtenir aisément le statut de résident·e temporaire ou définitif.
Depuis 2014, les crises économiques qui frappent le Venezuela et Haïti ont accru les flux migratoires venant de ces deux pays. En 2017, plus de 170 000 Vénézuélien·nes et 100 000 Haïtien·nes se sont installé·es au Chili car aucun visa n’était exigé avant leur entrer sur le territoire. Or l’absence d’une réelle politique migratoire menée par le gouvernement provoque des pressions sur les services sociaux qui peinent à apporter de l’aide auprès de ces populations et ce sont les ONG, l’Église et les universités qui tenter de palier les lacunes de l’État, notamment en fournissant une aide juridique.
Face à l’ampleur de ces migrations vénézuélienne et chilienne, le président Sébastien Piñera a présenté en avril 2018 une nouvelle loi migratoire : il est désormais obligatoire pour les immigré·es d’obtenir un visa d’entrée avant d’arriver sur le territoire chilien. Mais le président a permis également une régularisation des étranger·ères résidant illégalement au Chili avant 2018.
Les réactions xénophobes se multiplient au Chili, dirigées en grande partie vers les immigré·es noir·es haïtien·nes. Pays replié sur lui-même pendant la dictature, le Chili n’est pas habitué à recevoir une population afro-descendante non hispanophone. Leur visibilité sociale est mal vue, notamment par une partie de l’électorat de la droite chilienne et provoque des débats sur la légitimité des migrant·es à appartenir à la société chilienne.
En 2019, comme une dizaine de pays d’Amérique latine, le gouvernement chilien a durci sa politique migratoire en limitant l’entrée des migrant·es vénézuélien·nes et en instaurant l’obligation de visa et d’un passeport en règle pour entrer sur le territoire. Ces nouveaux visas, coûtant entre 20 et 100 dollars étatsuniens, sont hors de portée de la plupart des Vénézuélien·nes, obligé·es d’attendre aux frontières du Chili dans des conditions précaires avant de pouvoir déposer une demande pour obtenir le statut de réfugié·e.