En Afrique du Nord, le désert ne cesse de s’étendre. Les récoltes sont mauvaises et les pêcheurs sont en train de perdre leurs moyens de subsistance. Dans un avenir proche, les pluies deviendront de plus en plus irrégulières, les ressources en eaux diminueront et les tempêtes seront plus violentes. Les étés seront très chauds et les hivers très froids. La sécheresse contraint déjà des villageois à abandonner leurs foyers et l’élévation du niveau de la mer détruit les terres fertiles. La chute de la production alimentaire et le tarissement des ressources en eau menacent même des mégapoles comme le Caire, Casablanca ou Alger. Les prochaines vingt années vont transformer durablement l’Afrique du Nord et le changement climatique aura des effets dévastateurs sur la région.
Ceci n’est pas un fait naturel. La violence du changement climatique est causée par le choix de l’exploitation continue des combustibles fossiles, une décision imposée par les multinationales et les gouvernements occidentaux avec leurs élites et leurs militaires locaux.
C’est le résultat de plus d’un siècle de capitalisme et de colonialisme.
Ce numéro de la Collection Passerelle est consacré à cette question des impacts du changement climatique sur les populations de l’Afrique du Nord.
Coordonné par Hamza Hamouchene et Mika Minio-Paluello et édité par Ritimo, Environmental Justice North Africa (EJNA) et Platform London dans le cadre de la Coredem, ce numéro propose, en première partie, un état des lieux de la violence du changement climatique pour les populations à travers le monde. En deuxième partie, il relaye un appel global de la part de plusieurs expert-es militant-es pour un changement systémique. La troisième partie est consacrée à une exposition des « fausses solutions » contre le changement climatique. L’ouvrage se termine sur la nécessaire mise en commun des solutions soutenables existantes.
La lutte pour une justice climatique doit impliquer les communautés les plus touchées et être en mesure de répondre aux besoins vitaux de toutes et tous. Elle doit permettre d’avoir suffisamment d’énergie et un environnement sain pour les futures générations. Des aspirations indispensables, qui rejoindraient les revendications des populations depuis les soulèvements en Afrique du Nord : souveraineté et dignité nationale, pain, liberté et justice sociale.