La mesure de la mondialisation,

Cahier du GEMDEV n°31, mars 2007, 217 pages, 12€00

Introduction :

Peut-on mesurer la mondialisation ? Telle est la question à laquelle s’est attelée une
équipe de chercheurs en sciences humaines et sociales du GEMDEV, en répondant à
l’appel d’offre de l’Action concertée incitative « Mondialisation : terrains, techniques,
théories », en 2003, avec le projet de recherche suivant : « La mondialisation comme
connaissance – sciences, mesures, actions ».
L’étude de la mondialisation met en jeu une multidimensionnalité scientifique. La prise en
compte du contrepoint diachronique, relatif aux précédentes périodes de resserrement du
maillage de la planète, permet d’éviter les erreurs d’appréciation fréquentes en matière de
phénomènes de grande ampleur (GEMDEV 1999). Mais la question n’est pas résolue de
la nature de l’objet mondialisation. Suffit-il d’en faire une question transversale, d’essence
pluridisciplinaire, comme la violence, le genre, l’État, la pauvreté, le développement ?
L’objet n’est-il pas de si grande ampleur et si exigeant en conceptualisations originales,
comme en savoirs érudits, qu’il serait appelé à devenir un domaine distinct, voire une discipline
à part entière ? Si l’on trouve le « lieu d’origine » des travaux sur la mondialisation
dans les sciences sociales, plutôt du côté de l’économie et de la géographie, on peut suivre
sa trace dans les sciences avoisinantes. Ainsi la sociologie, la science politique ou l’histoire
sont-elles gagnées par la prise en compte de la dimension mondiale des phénomènes observés.
Avec la contribution des anthropologues dont les objets d’étude intègrent toutes sortes
d’interactions avec le monde environnant, on s’efforce de savoir si la mondialisation est un
objet nomade ou si elle entretient un lien organique avec tel ou tel domaine du savoir. Ce
qu’on tient pour des éléments centraux du dispositif de mondialisation – l’explosion des
flux financiers, commerciaux et des investissements directs ou l’évolution de la notion de
frontière – s’en trouve minoré au profit de questions de modes de vie, de culture, de formes
d’organisation d’entreprise, d’habitus politiques, d’une nouvelle approche des universaux
psychiques ou de la durée historique (...)