Bonne gouvernance dans l’habitat et la gestion des déchets au Cameroun et en Belgique

La maîtrise des flux

Flux de matières-Réseau d’information-Capital social

, par ASSOAL

Les fiches recueillies1 montrent une attention réelle à la question de la valorisation du capital social, tous pays confondus. La notion d’échange d’informations est plus difficile à appréhender et surtout à qualifier. La question de la biosphère est jugée par presque tous les projets comme trop éloignée des préoccupations des personnes impliquées dans le projet, tout au plus certains acteurs plus ‘macro’ estiment-ils y être attentifs, mais ne pas ‘écraser’ le citoyen avec ce type de préoccupation.

1. Le capital social

Tout d’abord, les auteurs des fiches d’expérience identifient ceux qui, selon eux, forment ce « capital social » :

Les citoyens, en général.

Les membres (par exemple d’une coopérative).

Les experts utiles au développement de projet.

L’ensemble des composantes de la société.

Au-delà d’une désignation concrète des acteurs identifiés comme faisant partie du ‘capital social’ d’un projet, les fiches nous donnent également des caractéristiques intéressantes sur les compétences des personnes qui jouent ce rôle.

      • Ce sont les personnes qui sont capables de trier les déchets, même si elles ne comprennent pas tout du processus de recyclage de ces déchets. Le capital social a donc une compétence de mise en œuvre de l’activité.
      • Ce sont des personnes capables d’évaluer directement ce qui est bien fait ou non (par exemple dans le cas d’un projet de compostage). Le capital social a donc une compétence du contrôle de l’activité.
      • Ce sont ceux qui peuvent utiliser, valoriser leurs savoirs ou savoir-faire afin de le transmettre aux autres, pour réaliser un projet, pour former les ‘nouveaux’. Le capital social a donc une compétence de transmission du savoir. On peut citer ici l’exemple de Nitrawal qui, chaque mois dans sa revue, demande à un fermier de donner un de ses trucs pour diminuer la concentration en nitrate de ses champs.

Le capital social est considéré comme évolutif dans le temps : il se crée à travers un processus de maturité des acteurs. C’est l’exemple de l’association qui réunit locataires et propriétaires. Ces acteurs ne deviennent un vrai capital social que lorsqu’ils ont acquis la maturité suffisante pour gérer leur bien (en tant que locataire et/ou propriétaire) en bon père de famille.

Enfin, le lien avec la gouvernance est évident : d’une part les auteurs des fiches estiment qu’il faut faire reconnaître le capital social par les politiques, d’autre part qu’il faut pouvoir mobiliser ce capital social afin d’exercer des pressions sur le politique.

2. Les flux d’informations

Il existe des acteurs spécifiques qui ont un rôle à jouer dans ces flux d’informations : on nous parle de “tiers passeur” qui traduit les messages envoyés par le projet dans les différentes langues des habitants du lieu (à Bruxelles) ou encore de commissions consultatives qui ont pour mission tout à la fois de recueillir les informations auprès des citoyens et de les faire remonter vers le politique.

Il existe des “outils” spécifiques ayant aussi un rôle à jouer dans le passage de l’information. Nous en retiendrons deux à travers les fiches d’expériences :

Le plaidoyer, plutôt cité dans les fiches des pays “riches”

Les media sociaux, plutôt cités dans les fiches des pays moins riches. Il s’agirait d’un très bon outil, permettant de développer une capacité de réagir et de revendiquer. Mais le constat est fait que de nombreuses personnes ignorent encore ce media, voire n’y ont pas accès.

De nombreuses fiches insistent sur le côté parfois lourd (même si indispensable) de l’entretien de ces flux d’information. Au Congo, on nous explique qu’il faut mettre en place des flux journaliers d’information pour permettre le bon fonctionnement du projet. De plus, nous dit-on, les citoyens “oublient” vite ce qu’on leur a communiqué et il faut sans cesse passer du temps à leur réexpliquer. C’est souvent davantage les associations de terrain qui jouent ce rôle que les politiques qui estiment qu’ayant donné une fois l’explication, cela doit suffire au citoyen.

On nous signale également la grande différence d’acteurs et de mise en route des flux macro (autres villes, autres pays,…) et micro (entre citoyens). Bien souvent, les projets s’attellent à l’un ou l’autre flux, mais sont rarement en capacité de gérer les deux niveaux.

3. Le lien entre capital social et flux d’informations

Il est intéressant de noter que plusieurs expériences montrent le lien fort entre capital social et flux d’informations : si l’un se déroule correctement, l’autre également et vice versa.

Dans l’exemple du Conseil Supérieur du Logement en Belgique, l’auteur semble estimer que ces deux aspects sont insuffisamment développé : le manque d’informations de la part des autorités politiques renvoient à l’impression que le capital social contenu dans cette structure est insuffisamment valorisé.

A contrario, un exemple à Yaoundé au Cameroun montre que les acteurs du projet ont jugé important de doubler le réseau d’informations mis en place par des bureaux d’appui (valorisant le capital social) dans les quartiers.

Ce constat pourrait servir à la mise en place d’autres projets de bonne gouvernance !