Pays le plus haut et le plus enclavé d’Amérique du Sud, la Bolivie est un pays contrasté, qui possède d’importantes ressources, naturelles et culturelles, mais où les richesses sont très inégalement réparties.
La Bolivie est l’un des pays les plus pauvres d’Amérique latine, malgré de grandes potentialités. L’industrie extractive (gaz naturel, zinc, argent, plomb, étain, or, lithium) se taille la part du lion dans l’économie mais son expansion accélère les causes et les conséquences du changement climatique et impacte sévèrement les populations locales.
L’agriculture représente 12,5 % de l’économie bolivienne (2022). Pommes de terre, canne à sucre, coton, café, maïs, riz et blé font partie de ses principales cultures. Mais le pays se heurte aux conséquences négatives de l’agriculture intensive. Entre 2001 et 2021, la culture du soja a entraîné la déforestation de 90 000 hectares, et l’industrie de la viande de bœuf est responsable de 35 % de la perte historique totale de forêt amazonienne en Bolivie [1]. Le business du soja a également provoqué l’expulsion directe ou indirecte de nombreux·ses paysan·nes et des communautés autochtones.
À côté de ces cultures légales, une grande partie du revenu agricole provient de la culture et de la transformation illégales des feuilles de coca, à partir desquelles est fabriquée la cocaïne. Le gouvernement bolivien a essayé de substituer aux plantations de coca d’autres cultures, mais cette substitution a soulevé de nombreuses difficultés et la coca demeure l’une des principales sources de revenus du pays.
Le commerce équitable s’est bien développé, notamment en ce qui concerne le café, le quinoa et l’alpaga, en partenariat avec des coopératives (Cecaot, Ethiquable). Enfin, nouveau venu dans cette activité économique : le tourisme, qu’on souhaiterait équitable. La Bolivie a accueilli plus de cent mille touristes en 2021, générant plusieurs millions d’euros.
L’élection d’Evo Morales en 2005 a suscité de grands espoirs pour les communautés paysannes et autochtones, avec la reconnaissance de la plurinationalité du pays et la promulgation d’une nouvelle constitution (2009). Cette constitution a représenté une avancée significative en termes de droits économiques, sociaux et culturels, notamment les droits concernant la santé, l’éducation, l’environnement et l’accès universel aux services de base tels que l’eau, l’électricité, le gaz et les télécommunications. Mais dès son premier mandat, Morales et son parti politique le MAS (Mouvement vers le socialisme) ont catalysé les critiques. L’opposition féroce de la droite oligarchique et raciste, concentrée dans la ville amazonienne de Santa Cruz, s’est doublée de fortes critiques émanant des mouvements sociaux qui l’avaient amené au pouvoir, notamment à partir de la répression policière contre les manifestant·es défendant le parc naturel TIPNIS face à la construction de l’autoroute panaméricaine en 2011 et 2012. Les tensions s’accentuent à partir de 2016, quand le referendum dit « NON » à une modification constitutionnelle permettant à Evo Morales de se représenter pour un troisième mandat ; rejet qu’il a contourné par un tour de passe-passe légal.
Une crise politique et institutionnelle s’installe à la suite des élections d’octobre 2019 : après la diffusion des premiers résultats qui donnent vainqueur le président sortant Evo Morales dès le premier tour, des affrontements entre partisan·es du président et opposant·es éclatent un peu partout dans le pays sous prétexte de « fraude électorale ». La crise débouche sur l’exil au Mexique d’Evo Morales, chassé par les militaires et la prise de pouvoir, par la force, de la sénatrice d’extrême droite Jeanine Áñez, causant la mort d’une vingtaine de personnes et en blessant une centaine d’autres. Durant son année au pouvoir, la présidente est accusée de corruption et elle sera jugée et condamnée pour « sédition » et « terrorisme » suite aux violences meurtrières commises au lendemain du putsch. En outre, son mandat a été catastrophique pour les masses populaires. La gauche revient au pouvoir en octobre 2020 quand Luis Arce remporte l’élection, à la tête du MAS, avec la lourde tâche de réconcilier un pays marqué par la crise politique, de redresser une économie fortement fragilisée par la pandémie de coronavirus et de gouverner dans l’ombre d’un ex-président toujours très présent dans l’arène politique.