Cet article revient sur l’évolution récente de la stratégie géopolitique de la Bolivie d’Evo Morales, et son rapprochement avec des pays comme la Turquie, les Emirats Arabes Unis ou l’Inde. Il montre que, dans une logique d’amortir l’asymétrie des relations internationales actuelles, ce rapprochement avec des acteurs des « Suds » qui pèsent de plus en plus sur la scène mondiale s’accélère. Accords de coopération sur l’infrastructure ferroviaire ou aérienne, adhésion à des alliances sectorielles sur l’énergie renouvelable, engagements pour l’industrialisation et la diversification économique et commerciale… Les secteurs stratégiques sont au cœur des rencontres du président Morales avec ses homologues, pour lesquelles il se déplace aux quatre coins du monde depuis plusieurs années. Avec ces nouveaux types d’alliances, la Bolivie parie sur l’émergence d’une multipolarité et cherche à devenir un acteur pertinent dans le contexte de tensions croissantes au niveau régional et international, nous apprend l’article.
Ce focus sur les stratégies géopolitiques d’Evo Morales, presque quinze ans après son accession au pouvoir, est édifiant. En effet, à la lecture de ce texte, il est flagrant que ces rapprochements diplomatiques se font en direction de pays où les dérives autoritaires sont reconnues (ce que ne mentionne pas forcément le texte), et où l’extrême droite est au pouvoir (rappelons qu’Evo Morales était présent lors de l’investiture présidentielle de Jair Bolsonaro au Brésil, l’appelant son « frère »). Ainsi, cet article en dit long sur ce gouvernement qui se revendique de gauche –et, au passage, pose la question des règles (explicites ou implicites) qui régissent les relations diplomatiques sur la scène internationale. Qui prend les décisions de ces alliances, et sur quels critères ? Peut-il y avoir une dissociation entre les postures de politique interne et de relations internationales ? Qu’est-ce que ces stratégies géopolitiques impliquent pour le peuple bolivien ?