La France présente la situation paradoxale de bénéficier du système de santé considéré comme le meilleur au monde selon certaines évaluations internationales, et de connaître les inégalités sociales devant la mort les plus profondes parmi les pays ouest-européens. Cette réalité est mal connue, notamment du fait du peu d’intérêt de la recherche en France, et plus largement de la société, à l’égard des inégalités de santé. Les auteurs montrent ici comment la question a été récemment redécouverte et tentent de rendre compte des raisons de notre retard scientifique en la matière, en comparaison de pays voisins, ce qu’ils attribuent à des facteurs politiques, idéologiques et institutionnels de nature historique. Les auteurs s’intéressent à la manière dont les inégalités de santé, longtemps considérées comme naturelles, ont progressivement été reconnues comme sociales. Le problème de la définition et de la qualification des inégalités est ainsi essentiel. Deux conditions sont nécessaires pour que l’on parle d’inégalités sociales de santé, et non simplement de différences : il doit s’agir d’un objet socialement valorisé (la vie, le bien-être…) et cet objet doit concerner des groupes sociaux hiérarchisés (classes sociales, catégories socioprofessionnelles…). Finalement, les auteurs rappellent que les inégalités sociales de santé sont l’aboutissement des disparités structurelles (ressources, logement, alimentation, emploi et travail, école et formation), qui caractérisent l’état de la justice sociale dans un pays ou un territoire à un moment de son histoire et de son développement économique.
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