L’opacité de la gestion pétrolière au Congo-Brazzaville

Introduction

, par Forum Réfugiés

Lorsque Sassou N’Guesso prend le pouvoir en 1997, le pays sort de deux guerres civiles successives (1993 et 1997). Le retour à la paix est un chemin difficile : reprise de l’activité économique, mise en place d’un programme DDR, processus visant le désarmement, la démobilisation et la réintégration des soldats ayant appartenu aux différentes milices, et réduction de la pauvreté. Malgré cela, le conflit reprend en 2002 dans la région du Pool, entre les troupes gouvernementales et les milices Ninjas du pasteur Frédérik Bitsangou alias Ntumi. Un accord de paix sera finalement trouvé en mars 2003.

Le régime de Sassou Nguesso, instauré par la force, devient « légitime » en 2002 par un référendum constitutionnel et un cycle complet d’élections dont le déroulement, entaché d’irrégularités, laisse planer quelques doutes sur la sincérité des résultats. Concernant le processus de réconciliation nationale, les autorités ont envoyé quelques signaux forts aux opposants historiques : en décembre 2009, le Sénat a adopté une loi d’amnistie en faveur de l’ancien président Pascal Lissouba ; à la même période Frédéric Binstsangou (alias pasteur Ntoumi), est revenu à Brazzaville où il a été nommé délégué général auprès du président de la République, chargé de la promotion des valeurs de paix et des réparations de guerre. Même si la France reste historiquement le « partenaire » du Congo-Brazzaville, le gouvernement s’est également engagé dans une politique internationale d’ouverture : liens rétablis avec Kinshasa (2009), signature d’accords bilatéraux avec le Royaume-Uni (janvier 2009) et le Brésil (mai 2009) ou encore engagement au sein de forces de maintien de la paix.

Sur le plan économique et social, les trois guerres civiles ont considérablement affaibli le pays. La vie quotidienne des populations reste entravée par le manque d’infrastructures, la hausse des prix des denrées alimentaires, un système scolaire fonctionnant au ralenti (problème de paiement des enseignants).

Paradoxalement, la rente pétrolière ne permet pas au Congo de sortir de la pauvreté dans laquelle les guerres l’ont plongé.
En 2005, 70% de la population congolaise vit en dessous du seuil de pauvreté. Outre les difficultés d’exploitation du pétrole, on évoque aussi sa gestion peu transparente : les profits ne sont pas redistribués équitablement mais happés dans un système corrompu, dont les rouages sont ancrés depuis le début de l’exploitation pétrolière. Ce système a généré une dette importante de l’Etat congolais qui l’assujettit un peu plus aux compagnies pétrolières. Mais cet assujettissement ne reste que celui de l’Etat et ses citoyens ; pas de ses dirigeants qui tirent des intérêts personnels importants de ce fonctionnement comme le met à jour la campagne sur les biens mal acquis.