Parmi les pays d’Amérique latine, la Colombie reste le plus fidèle allié des Etats-Unis : participation à la guerre de Corée, soutien à la seconde guerre en Irak, alignement systématique sur la politique étrangère étatsunienne à l’ONU et en 2009, accord pour l’utilisation de neuf bases militaires colombiennes.
L’engagement des Etats-Unis se traduit par une participation à l’exploitation des ressources naturelles du pays. Par ailleurs, la Colombie leur offre une ouverture vers l’Amérique du Sud et l’accès aux bases militaires est dans la continuité du rôle attribué à la Colombie dans la géostratégie nord-américaine.
Au début de la guerre froide, les forces militaires étatsuniennes étaient engagées sur le terrain. Actuellement, cette présence se réduit à l’envoi de conseillers militaires et au recours à des entreprises privées de sécurité. L’objectif est l’élimination de la guérilla, frein à la réalisation de projets économiques. La solution préconisée est militaire au lieu de l’ouverture de négociations. Le Plan Colombie en est l’illustration.
Un autre aspect de l’intervention traditionnelle étasunienne est l’invitation à faire appel à des paramilitaires pour protéger les activités économiques. Cette politique est devenue de plus en plus difficile à poursuivre à cause d’une opinion publique aux Etats-Unis qui n’ignore pas les activités criminelles des paramilitaires (déplacements forcés, exécutions de syndicalistes et implication dans le narcotrafic), leur relation avec les multinationales et leur collusion avec l’armée colombienne. Le Congrès lui-même refuse de ratifier l’accord de libre-échange négocié, en 2006, entre Bush et Uribe. Seuls le Département d’Etat et le Pentagone tolèrent ces forces illégales en attendant qu’elles disparaissent grâce à une aide militaire à l’armée colombienne. Cette militarisation aussi bien que la campagne d’éradication des cultures illicites et de lutte contre le narcotrafic s’accompagnent de dommages irréparables subis par les populations colombiennes.
A signaler qu’un accord de libre-échange entre la Colombie et d’autres pays particulièrement le Canada ou l’Union Européenne pose la même réserve qu’avec les Etats-Unis : les droits humains des populations colombiennes doivent-ils être sacrifiés pour satisfaire des intérêts d’investisseurs étrangers ?