L’écologie de marché : l’approche néo-libérale de la nature

Par Ana Luisa Teixera

, par Alterinfos América Latina

Depuis Kyoto, nous assistons à une marchandisation des ressources naturelles : c’est l’extension du modèle néo-libéral aux solutions du changement climatique. Le carbone, étant une marchandise en plus, fait partie d’un jeu spéculatif des marchés financiers qui génèrent une augmentation des bénéfices des multinationales, des banques et des cabinets d’audit et de conseil. Mais l’objectif de Kyoto n’était-il pas de réduire les émissions de gaz à effet de serre ? Avec Cancún, on n’a fait qu’avancer dans l’approche de l’écologie conciliée à l’économie de marché.

Le Protocole de Kyoto a sans doute marqué un virage dans l’histoire du combat contre le changement climatique. La notion de « responsabilité commune mais différenciée » a été reconnue, ainsi qu’une certaine reconnaissance d’une « dette écologique » envers les pays en voie de développement (PVD). L’idée semblait vertueuse, mais elle a aussi ouvert des nouvelles possibilités pour poursuivre le pillage des ressources naturelles. Sur pression de certains pays, surtout des États-Unis, un système d’échange de droits d’émissions a été mis en place. En 1999, la Banque Mondiale lance le premier fonds carbone, le Prototype Carbon Fund conçu par Goldman Sachs et Enron.

Si par après les États-Unis n’ont jamais ratifié le Protocole, ils se sont toutefois appliqués à organiser un système d’échange de quotas d’émissions de gaz à effet de serre, le Chicago Climate Exchange (CCX). Ses statuts ont été rédigés en 2003 par Barack Obama, l’appel public aux investisseurs fut lancé par Al Gore et David Blood, l’ancien directeur de la banque Goldman Sachs qui détient 10% du CCX. Dans le Conseil d’administration nous trouvons entre autres l’ancien secrétaire général de l’ONU Kofi Annan ou James Wolfenson, président de la Banque mondiale entre 1995 et 2005.

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