L’Inde et d’autres pays manipulent les réseaux sociaux, selon un rapport de l’Université d’Oxford

, par Sabrang India

Le rapport, intitulé « L’ordre mondial de la désinformation », montre l’utilisation croissante des réseaux sociaux pour fabriquer des consensus, automatiser la censure, et saper la confiance en l’organisation internationale libérale du monde.

Une étude menée par des chercheur·ses de l’Université d’Oxford affirme que l’Inde est l’un des pays impliqués dans la manipulation des réseaux sociaux, et que ces campagnes de désinformation seraient attribuables à des personnalités et des partis politiques. Les chercheur·ses ont suivi les plateformes des réseaux sociaux pendant plus de trois ans afin d’évaluer les manipulations orchestrées par des agences gouvernementales ou des partis politiques. Ils et elles ont constaté que plus de 70 pays avaient des agissements douteux, en forte augmentation depuis les 48 comptabilisés en 2018. Facebook et Twitter ont attribué des opérations d’influence étrangère à sept pays – la Chine, l’Inde, l’Iran, le Pakistan, la Russie, l’Arabie Saoudite et le Vénézuela – qui ont utilisé ces plateformes pour influencer le public dans le monde.

Représentation graphique des pays que Facebook et Twitter reconnaissent comme ayant participé à des opération d’influence étrangère sur les réseaux sociaux. Tiré du rapport de l’University d’Oxford (CC BY-NC-SA 4.0)

Le rapport, intitulé « L’ordre mondial de la désinformation » et paru le jeudi 26 septembre 2019, montre l’utilisation croissante des réseaux sociaux pour fabriquer des consensus, automatiser la censure, et saper la confiance en l’organisation internationale libérale du monde. Les auteur·rices soulignent que la campagne de désinformation « consiste en l’élaboration d’un inventaire de l’évolution des stratégies, des outils et des techniques de propagande informatique, dont l’usage des « bots politiques », afin d’amplifier les discours d’incitation à la haine ou d’autres formes de contenus manipulés, la collecte illégale de données, le ciblage individualisé, ou encore le déploiement d’une armée de ‘trolls’ pour harceler des opposant·es politiques ou des journalistes en ligne. Ces acteurs sont alors qualifiés de ‘cyber troupes’ ».

En Inde, le rapport a comptabilisé les cas de partis politiques faisant usage de publicité pour cibler les électeur·rices avec des médias manipulés. Il montre que des partis politiques et des entrepreneurs privés sont les plus impliqués dans la manipulation des réseaux sociaux, mais souligne également des affaires liées à des organisations de la société civile et des citoyen·nes ou des ‘influencers’. En Inde, selon le rapport, la manipulation des réseaux sociaux est de trois types : le soutien au gouvernement, des attaques contre l’opposition et provoquer des divisions. En plus des actions de manipulation, le rapport souligne que ce type d’actions est commun à d’autres pays, dont les États-Unis.

Les ‘trolls’ financés par l’État ou le doxing [1] ont connu un essor important au niveau international, avec 47 pays qui y ont recours. Dans 52 des 70 pays concernés, les ‘cyber troupes’ ont activement créé des contenus comme des « mèmes », des vidéos, des sites internet de fake news ou encore manipulé des médias afin d’induire les utilisateur·rices en erreur. En Inde, le rapport pointe des campagnes trompeuses, des trolls et des stratégies axées sur des données.

La capacité des cyber troupes varient en fonction des pays. L’Inde est un pays avec une « capacité de cyber troupes moyenne », ce qui implique un personnel embauché à plein temps toute l’année pour contrôler les espaces d’information. Les Etats-Unis, la Chine, la Russie, l’Iran, et Israël sont parmi lespays ayant une « forte capacité de cyber troupes », avec une quantité de personnel et des dépenses budgétaires très importantes pour les opérations psychologiques ou pour la guerre de l’information.

Un point à souligner :

  • Ce ne sont pas toujours des robots qui participent à la manipulation des réseaux sociaux. Le rapport montre que les comptes gérés par des humain·es sont plus fréquents que les robots pour ce genre de tâches. Ces comptes interviennent dans des conversations en postant des commentaires ou des tweets, ou encore en envoyant des messages privés à des personnes via les plateformes des réseaux sociaux.

Lire la présentation du dossier en anglais sur le site de Sabrang India

Lire le rapport complet en anglais