L’ECSI pour déconstruire les préjugés sur les migrations

Introduction

Du côté de l’ECSI N°39 - mai 2022

, par ritimo

« Il n’y a pas d’étrangers sur cette terre »

La Cimade

Fin avril 2022, le directeur de l’agence européenne de garde-frontières et de gardes-côtes, Frontex, annonçait sa démission. Si ce départ était attendu par la société civile, il aura fallu pour le rendre effectif une enquête de l’Office européen de lutte antifraude (printemps 2022), une enquête coordonnée de plusieurs médias européens (octobre 2021) et une plainte déposée devant la Cour européenne par plusieurs ONG au nom de deux demandeurs d’asile (mai 2021). Chacune de ces enquêtes et plainte dénoncent la même chose : le refoulement illégal de migrant·es par Frontex.

Si la pratique du « pushback » est expliquée par les gouvernements européens par la crainte d’une « immigration illégale » ou le fantasme d’une « invasion migratoire », l’« Europe forteresse » a pourtant su ouvrir ses portes aux réfugié·es ukrainien·nes (« Plus de 6,5 millions de réfugiés auraient déjà fui l’Ukraine vers les pays voisins depuis le 24 février », selon le HCR).

Cette nouvelle solidarité européenne a de quoi surprendre : à géométrie variable selon la nationalité de la personne qui fuit l’Ukraine, et alors que cette même solidarité est criminalisée lorsque ce sont les militant·es de la société civile qui l’organise.

Pourquoi seule une partie de la population mondiale aurait le droit de pouvoir imaginer qu’il sera un jour possible de partir de son pays de naissance ?
Ce privilège du lieu de naissance s’illustre par la fermeture des frontières, la construction de murs, la durée maximale de rétention passée, en France, de 45 à 90 jours depuis 2018...

Alors que l’ECSI sait prendre en compte la multiplicité des oppressions que subissent les personnes migrantes pour proposer une vision globale et systémique de la réalité des migrations, comment l’ECSI peut-elle déconstruire le mythe de « l’invasion » ?