L’Afrique de l’Ouest deviendra-t-elle à la France ce que l’Amérique centrale est aux Etats-Unis ?

Par Jean-François Bayart

, par Médiapart

L’Afrique est en plein bouleversement, du fait de ses dynamiques propres et des transformations du système international [1]. Et la France a toujours autant de peine à en décrypter le devenir. Elle se réfugie derrière ses poncifs, disant tout et le contraire de tout dans le même discours, à l’instar de Nicolas Sarkozy, dans son allocution lamentable de Dakar, le 26 juillet 2007, au cours de laquelle il reprocha à l’Afrique son immobilité... et aux Africains de trop bouger, par le biais de l’émigration ! Aujourd’hui, les médias, les milieux d’affaires, la classe politique s’émerveillent de la croissance retrouvée au sud du Sahara et sombrent dans un « afrooptimisme » béat qui est d’aussi mauvais aloi que l’« afropessimisme » d’hier. Quand parviendrons-nous à penser normalement les sociétés africaines ? Pour ce faire, une condition préalable est sans doute de renoncer à décliner le continent au singulier, d’en admettre la diversité et d’abandonner le mythe d’une politique africaine de la France pour raisonner en termes de sous-régions et de problèmes concrets. Le « printemps arabe » et la nouvelle donne qu’il provoque au sud du Sahara nous en fournissent l’opportunité et, même, devraient nous l’imposer.

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