L’Accès à la terre est le processus dans lequel des personnes, individuellement ou collectivement, gagnent des droits, des possibilités et de la sécurité pour occuper et utiliser la terre.
La question de la terre, éclipsée depuis quelques années, revient sur le devant de la scène internationale.
La moitié de l’humanité est encore rurale. Et dans toutes les régions du globe, c’est par millions que des producteurs sont marginalisés et perdent l’Accès à la terre et aux ressources naturelles. Sur les 1,02 milliards de personnes qui souffrent de la faim, les deux tiers sont des paysans.
Cette perte de droits des producteurs sur la terre a des conséquences dramatiques. En effet, posséder une parcelle de terre, c’est disposer d’une source de richesse et de pouvoir mais aussi d’un moyen de pérenniser son statut social. Les activités liées à la terre sont à la base même des moyens de subsistance, de revenus et d’emplois et de gestion convenable de l’environnement.
Le contrôle de la terre est donc un enjeu politique et économique majeur.
Histoire
L’Accès à la terre a été revendiqué avec permanence depuis plus d’un siècle : « tierra y libertad » (terre et liberté) ; c’est avec ce cri que fut lancée la révolution mexicaine qui donna naissance à la première réforme agraire du vingtième siècle, promettant de donner la terre à ceux qui la travaillent.
Après la Seconde guerre mondiale, les Etats-Unis utilisèrent la réforme agraire pour consolider les régimes amis (Japon, Corée) et pour contrer l’idéologie communiste qui mettait l’accent sur la redistribution agraire.
La réforme agraire sera l’axe de revendication des soulèvements paysans dans les années 60-70 dans les pays où les fortes inégalités foncières limitent l’Accès à la terre (Amérique latine, Inde…).
Une question d’actualité
Le problème de la terre se pose aujourd’hui dans un contexte de mondialisation. Celui-ci empêche de nombreux paysans de vivre de leur travail ; la mondialisation favorise, en effet, la concentration des exploitations, l’expropriation des petits paysans et la spéculation foncière.
Ce sont des producteurs capitalistes modernisés souvent liés à des entreprises transnationales qui sont en train d’accaparer d’immenses superficies de terres.
Cette diffusion d’un modèle de développement agricole productiviste conduit à la marginalisation des petits paysans, en salarie quelques-uns et transforme le plus grand nombre en paysans sans terre.
L’actualité montre que cette question de l’Accès à la terre se pose dans la plupart des pays. La question de la terre est à l’ordre du jour des forums sociaux (déclarations de Porto Alegre et de Nyeleni). Une conférence internationale sur la réforme agraire et le développement rural (ICARRD) a mis l’accent sur le rôle essentiel de la réforme agraire pour la promotion d’un développement durable.
Dans un contexte de hausse des prix des matières premières et de crise alimentaire, les terres font l’objet de convoitises des fonds souverains et des grandes multinationales de l’agroalimentaire. L’accaparement de terres a des conséquences importantes sur l’accès au foncier.
Améliorer l’accès à la terre est une nécessité pour plusieurs raisons essentielles : réduire la pauvreté, assurer une gestion durable des ressources naturelles, réduire les conflits, freiner l’exode rural et l’urbanisation et accroître la sécurité alimentaire.
La sécurisation des droits fonciers et des usages des populations locales est donc aujourd’hui un enjeu majeur.