Animer en prison : quels enjeux ?

Introduction à l’univers carcéral

Du côté de l’ECSI N° 22 – janvier 2018

Les formes d’incarcération en France sont aujourd’hui multiples. On peut être incarcéré en maison d’arrêt (personnes en attente de jugement ou personnes déjà condamnées mais dont la peine est inférieure à deux ans), en centre de détention (peines supérieures à deux ans mais avec des perspectives de réinsertion), en maison centrale (longues peines), en centre pénitentiaire (établissement composé de plusieurs quartiers différents), en centre pour détenus en semi-liberté ou en quartier des peines aménagées (possibilité de passer la journée en dehors du centre en semi-liberté).

Malgré cette multiplicité, les conditions et modalités pour intervenir auprès des détenu·es sont les mêmes. Tout le matériel d’animation doit être déclaré en amont auprès de l’administration pénitentiaire. Il sera impossible de faire entrer un autre objet non déclaré au préalable dans la prison. Les clés USB, téléphones portables ou ordinateurs sont prohibés à l’intérieur et les supports numériques (film, photos…) doivent être visionnés par l’administration pénitentiaire avant les séances.

Les groupes sont en général composés d’une dizaine de participant-e-s maximum, avec ou sans l’éducateur·trice spécialisé·e de la prison mais sans gardien·ne. La raison de l’incarcération des détenu-e-s ne sera jamais donnée. Ces groupes sont très hétéroclites. Une attention particulière doit être portée aux aptitudes des participant·es. En effet, certain·es détenu·es ne lisent pas très bien et peuvent se trouver en difficulté si le contenu des séances ne repose que sur un support écrit.
Les dynamiques de groupe sont très variables. D’un point de vue général, les détenu·es présent·es participent beaucoup. Ils·elles ont envie de parler et d’être écouté·es. Néanmoins, les personnalités des participant·es sont exacerbées par le contexte de la prison. Enfin, le passage à l’action pour certaines activités peut être parfois difficile, par manque de motivation ou d’envie.

De nombreuses thématiques peuvent être abordées lors de séances en prison. En effet, les participant-e-s souhaitent souvent débattre et échanger sur des sujets d’actualité. Malgré l’enfermement, les détenu·es sont souvent assez informé·es de ce qui se passe à l’extérieur. Aussi, les thématiques comme la consommation responsable ou l’agriculture rencontrent autant de succès que des séances autour des luttes contre les discriminations ou les migrations.