Afghanistan : une société dans le chaos

Histoire récente, chronologie sur l’Afghanistan

, par CDTM 34

L’Afghanistan, souvent appelé le carrefour de l’Asie Centrale, a eu une histoire très mouvementée. À travers les âges, la région aujourd’hui connue sous le nom Afghanistan a été occupée par beaucoup de forces incluant l’Empire persan, Alexandre le Grand et Genghis Khan.

Les guerres anglo-afghanes
Après des décennies de lutte pour le pouvoir entre les différentes dynasties et de guerres avec les pays voisins (Turcs, Moghols, Persans …), l’Afghanistan connaît ses premiers conflits avec les pays colonialistes

1839-1842
Londres essaye de contrer les ambitions russes.

1878-1879
Imposition d’un protectorat britannique.

1919
L’Afghanistan obtient son indépendance.

1973
Mohammad Zahir Shah, dernier roi, est chassé par un coup d’Etat de son cousin Daoud, qui proclame la naissance de la république d’Afghanistan.

1978
Un coup d’Etat du Parti démocratique du peuple afghan appuyé par l’Union Soviétique installe un gouvernement communiste. La révolte s’étend dans le pays. De nombreux réfugiés gagnent le Pakistan et l’Iran.

1979 - 1989
La première guerre d’Afghanistan oppose, de décembre 1979 à février 1989, l’Armée soviétique aux moudjahidins (combattants musulmans de la guerre sainte), qui reçoivent l’aide financière et militaire des Etats-Unis. Rapidement les Moudjahidins contrôlent 80 % du territoire sauf les principales villes. Les soviétiques ne peuvent que faire des opérations ponctuelles, protéger leurs convois et larguer des millions de mines antipersonnel.

Durant dix ans, cette guerre ravage l’Afghanistan. Du fait de l’implication des États-Unis et de l’Union soviétique, elle est considérée comme une des dernières crises de la guerre froide. Les États-Unis, à travers la CIA, dépensent 2,1 milliards de dollars pour alimenter la résistance anti-soviétique incarnée par les Moudjahidins. A partir de 1988, l’URSS retire progressivement ses troupes d’Afghanistan

1989 - 1992
Le président Nadjibullah, arrivé au pouvoir en 1986, dirige le pays mais l’Union soviétique continue d’aider l’Afghanistan militairement, économiquement et en fournissant des aides d’urgence en nourriture et carburant pour cause d’hiver rigoureux (en 1989 et 1990) entraînant des pertes de récoltes. Nadjibullah avait travaillé à un compromis pour mettre fin à la guerre civile avec Massoud, mais les discussions tournent court et le gouvernement tombe. En 1992 Nadjibullah accepte la mise en place d’un gouvernement transitoire et annonce qu’un parlement sera établi sur la base d’élections libres et démocratiques. En Avril, il est forcé de démissionner.

1992 – 1996
Fin du régime communiste.
Début de la lutte pour le pouvoir entre les partisans du chef tadjik, Massoud, et ceux du chef pachtoun, Hekmatyar, leader du parti fondamentaliste. Les Moudjahidins refusent tout cessez-le-feu et entrent dans Kaboul le 28 avril 1992.
Discussions, combats, annonces d’accords de paix, massacres se poursuivent jusqu’en 1994.
Entrée en scène des talibans (mouvement d’étudiants en religion), pachtounes, sunnites, soutenus par le Pakistan. En octobre 1994, ils font irruption dans la guerre civile et remportent plusieurs victoires sur les Moudjahidins. La guerre civile et le chaos s’étendent à tout le pays et continuent avec leurs lots d’atrocités, de pillages et de viols.

1996 - 2001
Le pouvoir Taliban : Le 27 septembre 1996, les Talibans prennent le contrôle de Kaboul et du pays (sauf une petite région au nord-est). Ils restaurent une paix relative avec mise en application de la Charia, une loi islamique sévère qui restreint un grand nombre de libertés. Ils veulent réaliser leur idéal à savoir "le plus pur État islamique du monde". Le Pakistan a été leur plus fidèle allié. Le mollah Omar est nommé "commandeur des croyants". Oussama Ben Laden, expulsé du Soudan, revient en Afghanistan et prend la tête de Al Qaïda, (la base), mouvement d’inspiration religieuse, profondément opposé aux Etats occidentaux. Les membres d’Al Qaïda se recrutent dans les pays arabes et sont envoyés en Afghanistan, après une formation à la guérilla.

2001
Seconde guerre d’Afghanistan : L’ONU durcit ses sanctions et impose un embargo sur les armes destinées aux talibans.
Massoud est victime d’un attentat-suicide.
11 septembre : attentats à New York et à Washington.
7 octobre : Intervention militaire en Afghanistan, avec l’aval des Nations unies, d’une coalition dirigée par les États-Unis d’Amérique, le Royaume-uni et comprenant des alliés de l’OTAN. Le gouvernement islamique des Talibans s’effondre en novembre.
En décembre, les différentes factions afghanes, réunies sous l’égide de l’ONU, concluent un accord sur la création d’une autorité intérimaire dirigée par le leader pachtoune Hamid Karzaï, ancien collaborateur de la CIA.

Création à Kaboul d’une Force internationale d’Assistance à la Sécurité en Afghanistan (FIAS), regroupant 5000 hommes.

2002
Formation du grand conseil traditionnel des chefs de tribu, la Loya Jirga, qui doit élire le président par intérim et organiser les institutions.
Création de la Mission d’Assistance des Nations unies en Afghanistan (Manua) chargée de coordonner la reconstruction.

Election par la Loya Jirga de Hamid Karzaï à la tête de l’exécutif pour 18 mois. Les chefs de guerre occupent une place importante dans le gouvernement qu’il constitue.

2003
En Mai, les Etats-Unis annoncent la fin des combats en Afghanistan, mais non de la lutte contre le terrorisme.
L’OTAN prend le commandement de la FIAS à Kaboul et dans le nord et l’ouest du pays.

2004
Adoption d’une Constitution par la Loya jirga (grand conseil) qui institue un gouvernement de type présidentiel, avec régime parlementaire à deux chambres. La République Islamique d’Afghanistan est promulguée.

En Octobre, Hamid Karzaï remporte l’élection présidentielle avec 55,4% des voix.

2005
En Septembre, les élections législatives sont marquées par un taux d’abstention de 50%, mais les partisans d’H. Karzaï remportent une large victoire.

2006-2009
Mi-mai 2006 : Offensive "Mountain Thrust" de la coalition dans le sud du pays. En six semaines, mille talibans sont tués. Lors d’une autre opération dans la province de Kandahar, mi-septembre, plus de mille insurgés et vingt soldats de la coalition sont tués.

18 août 2008 : Dix soldats français meurent dans une embuscade à moins de 60 km de Kaboul.
La guerre se poursuit : attaques, de part et d’autres, embuscades, attentats-suicides. Mais aussi proposition de loi d’amnistie pour les crimes de guerre, des moudjahidins et des talibans.
Selon l’ambassadeur des États-Unis en Afghanistan, William Wood, il y a eu deux fois plus d’attaques à la bombe et d’enlèvements en Afghanistan en 2008 qu’en 2007. Quelque 2 000 attaques à la bombe artisanale et 250 enlèvements y ont été recensés.

27 mars 2009 : Le président américain, Barack Obama, annonce une "nouvelle stratégie" en Afghanistan, avec l’envoi de 4 000 civils et militaires supplémentaires, en plus des 17 000 soldats annoncés en renfort en février.
Les forces de la coalition reçoivent des envois supplémentaires de soldats, essentiellement états-uniens. Fin 2010 le contingent atteint 100.000 hommes.

2009  : élections présidentielles et provinciales. En Octobre l’élection présidentielle est remportée par Hamid Karzaï.

Décembre 2009  : Barack Obama annonce le retrait des forces US à partir de juillet 2011.

2010
28 janvier : la Conférence internationale de Londres sur l’Afghanistan demande l’accélération de la transition et l’intégration des talibans repentis.

Avril 2010 : Hamid Karzai rejette la fraude du scrutin présidentiel sur l’Occident et menace de « rejoindre les talibans ».

Mai 2010 : Hamid Karzai est reçu en grandes pompes à Washington.