Timor Leste : un petit pays en devenir

Histoire et chronologie du Timor Leste

« Au fondement de la partition de l’île, des appétits européens concurrents

Les Portugais furent les premiers européens à débarquer sur l’île au début du XVIème siècle. Bénéficiant de l’affaiblissement du Portugal, les marchands néerlandais se mirent également en quête de richesses dans la région pour alimenter la Compagnie des Indes orientales, au début du siècle suivant.

C’est donc en raison de son passé colonial que l’île de Timor est partagée en deux territoires. En 1859 les Pays-Bas et le Portugal signèrent un traité déterminant les frontières précises entre le Timor occidental hollandais et le Timor oriental portugais. Les frontières coloniales furent reconnues et fixées, le 25 juin 1914, par la Cour internationale de justice de La Haye.

La présence européenne s’est accompagnée d’une christianisation différenciée de l’archipel de la Sonde, les territoires portugais étant convertis au catholicisme (Timor oriental, île de Flores), les colonies néerlandaises passant en partie sous influence protestante (une partie du Timor occidental, île d’Alor). C’est là une particularité forte de Timor et des Petites îles de la Sonde dans un environnement à dominante musulmane.
Du côté portugais, l’organisation coloniale coexista avec le système antérieur plutôt qu’elle ne le remplaça ; du côté néerlandais, sans être totalement transformée, la société autochtone fut davantage modifiée par le modèle colonial.

Le 7 décembre 1975, tandis qu’au Portugal, le régime salazariste était renversé lors de la Révolution des Œillets, l’armée indonésienne s’empara de l’ancienne colonie qui venait de proclamer l’indépendance de la République démocratique de Timor oriental (28 novembre), semble-t-il par crainte d’une subversion d’extrême gauche. Ce fut le début d’une guerre de 25 années entre l’occupant indonésien et la guérilla de résistance timoraise faisant plus de 200 000 morts et marquant la population par la violence des exactions commises. Dans le même temps, cette occupation contribua à forger une identité timoraise.

1975-2002 : l’occupation indonésienne contribue à forger l’identité nationale timoraise

La partie orientale de l’île devint en 1976 la province de Timor Timur. Les années d’occupation furent marquées par une nette volonté « d’indonésianiser » le territoire est-timorais : interdiction de l’usage du portugais, système éducatif modelé à l’image javanaise, érection de monuments à la gloire de l’État unitaire, etc. Matériellement, après la période de dévastation des premières années de l’occupation, une politique de mise en valeur a été menée. Toutefois, les secteurs concernés (construction, administration publique, commerces, hôtels et restaurants) étaient minoritaires tandis que les secteurs agricole et manufacturier, employant plus de 90 % de la population, ne connurent pas de tels développements. Certains des efforts consentis pour développer la province dans les années 1980 eurent toutefois des conséquences positives : amélioration des infrastructures (routes, réseau électrique), du système éducatif largement négligé par l’administration portugaise (taux de scolarisation accru, création d’une Université à Dili), etc.

Le mouvement de résistance, au terme de 25 ans de lutte armée, parvint à libérer le territoire national. A trop vouloir soumettre la province indonésienne au centralisme javanais, les occupants ont induit une réaction de rejet qui a largement contribué à forger une identité timoraise, bien plus que ne l’avait fait en son temps la résistance aux Portugais.

Les événements se précipitèrent à la fin des années 1990, marquées par la déliquescence du bloc soviétique et l’impact de la crise économique de 1997. Fortement déstabilisé par cette crise, après trente ans d’un pouvoir autoritaire et corrompu, le président Suharto fut déposé par son vice-président, Jusuf Habibie, qui promit une évolution plus démocratique du régime. Dans ce contexte mouvementé, le nouveau président indonésien proposa, en janvier 1999, d’accorder l’indépendance au Timor oriental si l’autonomie élargie soumise par référendum était refusée.

Dans un climat de fortes tensions, plus de 78% des électeurs votèrent en faveur de l’indépendance le 30 août 1999. Tandis que le gouvernement indonésien acceptait l’arbitrage international, on assista sur place au recrutement de milices pro-indonésiennes dans le but d’intimider les populations locales. Il s’en suivit une vague de troubles sans précédent, très meurtrière. Après un mois de chaos, les dirigeants indonésiens, fortement poussés par les États-Unis et l’Australie, durent accepter l’envoi d’une Force internationale d’interposition sous commandement australien. Quelques mois après, l’indépendance du jeune État était proclamée. » (extrait de Marie Redon)

Quelques dates

Début XIVe siècle : Le Portugal colonise l’île du Timor. Simultanément, les Pays-Bas colonisent le reste de l’archipel.

1859  : Signature d’un traité accordant la partie Est de l’île de Timor au Portugal et l’Ouest aux Pays-Bas

28 novembre 1975 : Alors que le régime du Portugal est renversé par la Révolution des Œillets, le Timor oriental proclame son indépendance.

7 décembre 1975 : L’armée indonésienne s’empare de l’ancienne colonie.

1975 à 1999 :Le Timor oriental, ancienne colonie portugaise est occupé par l’Indonésie. 25 années d’occupation et d’exactions faisant plus de 200 000 morts, soit un tiers de la population.

30 août 1999 : Le Timor oriental choisit l’indépendance (plus de 78% de la population) par référendum sous l’égide de l’ONU. Cette décision engendre une répression sanglante par l’occupant indonésien.

2001  : Une Commission pour l’Accueil, la Vérité et la Réconciliation (CAVR) est créée dans le but de clarifier les événements survenus en 1974 et 1999 et de poser les bases d’une réconciliation nationale.

20 mai 2002 : L’indépendance est enfin déclarée, Xanana Gusmào devient le premier président de la République du Timor Leste élu au suffrage universel.

2006  : La situation se dégrade suite à la décision du Premier ministre Mari Alkatiri de licencier 600 soldats, soit presque la moitié de l’armée qui se plaignait de discriminations ethniques. Le président menace de démissionner, mais c’est finalement le Premier ministre qui s’y résout. José Ramos Horta est nommé pour le remplacer.

2007  : José Ramos Horta est élu président de la République, Xanana Gusmào devient son Premier ministre.

2008  : José Ramos Horta et Xanana Gusmào sont victimes d’un attentat orchestré par des militaires mutins. Le président est gravement blessé.