Emergence de nouvelles exigences démocratiques au Mexique

Guerre de territoires et narco-violence : les cartels de la drogue

, par CIDES

L’hyperviolence actuelle qui règne sur le pays est due essentiellement à la présence de puissants cartels de la drogue. Cette violence est minimisée par les autorités et fait l’objet d’une autocensure dans la presse (on a recensé 60 journalistes assassinés et 15 disparitions forcées pendant le mandat de Felipe Calderon).

Le fonctionnement des cartels

Leur organisation complexe sous forme de « franchises » est analysée comme un mode de fonctionnement « post-capitaliste » qui les rend difficilement saisissables.
Les observateurs comprennent qu’ils luttent entre eux à la fois pour acquérir et augmenter les territoires par lesquels transitent leurs trafics en direction de la frontière et de la clientèle nord-américaine, ainsi que pour le pouvoir et l’ostentation de ce pouvoir. Il s’agit de prouver qu’on peut séquestrer, mutiler, faire disparaître des gens.
Autour du trafic de stupéfiants, les cartels développent de plus en plus d’activités annexes : trafic d’êtres humains, très nombreuses séquestrations contre rançons, qui multiplient leurs besoins (achat d’armes, enrôlement de passeurs, vigiles, tueurs à gages, organisation de convois….)
Le développement de leurs activités est à mettre en lien avec la demande de cocaïne en Europe qui a fortement augmenté depuis 10 ans et a suscité des alliances avec les mafias italiennes.
Leur enracinement est dû à la dégradation économique et à la désintégration du tissu social au Mexique – ainsi s’explique l’enrôlement facile de nouvelles recrues - mais aussi à la corruption dans toutes les strates du pouvoir (gouverneurs, municipalités, police…) depuis plusieurs décennies et aux défaillances de la justice.

Les flux financiers

L’argent généré par les trafics passe impunément par les banques officielles qui en assurent le blanchiment (on connaît les scandales de la banque américaine Wachovia et de la HSBC britannique). Il finance aussi les partis politiques et permet bien sûr l’enrichissement personnel.
La stratégie de lutte militarisée de l’ancien président Calderon et reprise par le gouvernement de Peña Nieto est un échec manifeste. L’Etat a perdu sa légitimité dans de nombreux territoires en ne pouvant y faire respecter la loi.
Certains habitants de ces territoires s’organisent en milices communautaires et d’autres abandonnent terres et maisons.