Le concept de Grande transition, issu d’une expression anglo-saxonne, désigne la voie pour une transition des modes de développement et de production vers un développement durable, dans le contexte de ce début de 21ème siècle, où serait en train d’émerger une « civilisation planétaire ». Cette civilisation planétaire, caractérisée par l’accélération des changements (la perception du temps historique) et le fait que nous vivons des décennies décisives pour le sort de l’humanité et de la planète, appelle la construction de solutions globales au sein d’un système mondial.
Le scénario de Grande Transition identifie ainsi les stratégies, les agents du changement et les valeurs pour un nouvel agenda mondial.
Définition développée
Le développement de cette notion fait référence à « The Great transformation » (1944), l’ouvrage de l’économiste hongrois Karl Polyani, qui livre une étude complète de l’histoire du capitalisme, du XVIIIe siècle à la Seconde Guerre mondiale. Mais c’est en 1963 qu’un autre économiste, Kenneth Boulding, aurait utilisé l’expression de Grande Transition, lors d’un discours au Carroll College, Wisconsin, pour se référer au changement nécessaire afin de maintenir le développement économique dans les limites finies de la planète [1].
C’est surtout au Global Scenario Group, convoqué en 1995 par le Stockholm Environment Institute, que l’on doit les principales contributions sur cette notion. Évoluant en tant qu’organisme international et pluriel pour examiner les conditions nécessaires pour une transition vers la durabilité, le GSG a publié une trilogie d’ouvrages : « Branch Points » (« points de décision » ; Gallopín et al., 1997), qui fixe le cadre du scénario du GSG, « Bending the Curve » (« fléchir la courbe » ; Raskin et al., 1998), qui analyse les risques et les perspectives à long terme pour la durabilité dans les avenirs possibles du développement conventionnel, et enfin, « Great Transition : The Promise and Lure of the Times Ahead » (Grande Transition : la promesse et le leurre de la période à venir), qui décrit les racines historiques, les dynamiques à l’œuvre, les périls futurs et les voies alternatives pour le développement mondial. Le CSG a également publié en 2010 « Scenarios for the Century Ahead : Searching for Sustainability » [2].
À l’origine du GSG, on trouve également le Tellus Institute, un réseau mondial qui « élabore des visions et des alternatives pour un avenir de vies meilleures, de solidarité humaine sur une planète préservée ». La « Great Transition Initiative » (GTI) lancé par ce même réseau en 2003 [3], se fonde sur un socle de valeurs reposant sur la qualité de la vie, la solidarité humaine et le respect de la nature. [4]. Au côté de la Grande transition, trois scénarios moins souhaitables, voire catastrophiques, sont évoqués : Market Forces, Policy Reform et Fortress World.
La notion de Grande transition est reprise par certains acteurs comme la New Economics Foundation (qui développe également son projet pour la Grande transition), ou encore le mouvement des Villes en transition, qui « soutient des réponses apportées par les communautés face au changement climatique et la contraction de l’offre d’énergie bon marché, afin de favoriser la résilience et le bonheur [5] ».