France : pour le retour à une gestion publique de l’eau

Une initiative sur l’eau

, par Agenda de la Solidarité Internationale

Chaque mois, à travers une thématique, l’agenda de la solidarité internationale propose de revenir sur deux initiatives portées par des associations, ONG, citoyen·nes, etc. et qui ont porté leur fruit. L’objectif est de comprendre les grands enjeux des problématiques internationales, montrer le pouvoir des mobilisations et donner des envies d’engagement, de manière positive.
Nous vous offrons donc, tout au long de l’année, des extraits de notre agenda. En novembre, la lumière est mise sur l’eau.

Eau et démocratie ont plus de points de points communs qu’il n’y paraît. En Île-de-France, en 2018, ce sont 24 villes qui sont sorties du Syndicat des eaux d’Île-de-France (Sedif). Cela fait suite à un vote inédit, fin décembre 2017, lors des conseils des territoires de 3 établissements publics territoriaux). Comment ce revirement a-t-il été possible ? C’est grâce à la mobilisation populaire de citoyen·nes, d’associations et d’élu·es, pour une gestion publique de l’eau, alors que celle-ci est le plus souvent l’apanage de multinationales.

L’objectif ? Envisager l’eau comme un bien commun, appartenant aux communautés, et non comme une source de profit. Cela permettrait ainsi de reprendre le contrôle sur un élément essentiel du quotidien de millions de personnes, tout en faisant baisser les tarifs. Mais il y a aussi et surtout des considérations écologiques importantes : agir en amont, par exemple en installant des agriculteurs bio près des champs de captage, plutôt que de mettre en place des installations de traitement toujours plus sophistiquées et coûteuses. Il y a également la question de l’entretien : les entreprises privées ont tendance à attendre la casse pour réparer, ce qui entraîne des fuites et des coûts plus importants. Le secteur public entretient son patrimoine de canalisations de façon plus régulière. Autres atouts : empêcher les coupures d’eau (illégales) chez les personnes n’ayant pas pu régler leur facture et permettre l’instauration d’une tarification solidaire. 

En France, des centaines de villes, dont Nice, ou encore Montpellier, Grenoble et Rennes, sont passées à la gestion publique ces dernières années, avec de très bons résultats, comme à Paris : baisse du tarif pour les usagers, augmentation des investissements, excédent budgétaire...

La sortie du Sedif n’est pas encore définitive, les villes franciliennes se sont accordées un délai (jusqu’en 2020) pour étudier la faisabilité d’une gestion publique (avec des études techniques et juridiques), et consulter la population. Des comités de pilotage (comprenant citoyen.ne.s et associations) ont déjà été mis en place. Tout est possible, mais surtout, les premier·es concerné·es peuvent (enfin !) avoir leur mot à dire.