L’histoire commence il y a quelques années lors d’un concert d’I Muvrini, célèbre groupe de musique corse, militant depuis longtemps en faveur de la non-violence. Sensible au message délivré, Bernard Champion, qui organise des stages d’été pour le mythique club de football de l’AS Saint-Etienne, se rapproche de l’association AFC-Umani (Association pour une Fondation de Corse), créée par Jean-François Bernardini, leader de ce même groupe musical. Conscient que les incivilités et débordements sont fréquents sur les terrains de football, il souhaite surtout développer une approche non-violente dans le cadre des séjours d’été qu’il coordonne. Mais parvenir à un tel résultat implique en premier lieu que les éducateurs aient eux-mêmes intégré les fondements de la régulation non-violente des conflits : en résumé, d’abord se former à la non-violence pour ensuite former les autres. De cette rencontre est ainsi né le projet « Réagir face à un conflit sur un terrain de football », officiellement lancé en 2018.
Pour la première fois, l’IFF (Institut de Formation du Football), un organe dépendant de la FFF (Fédération Française de Football), a décidé de faire appel à une organisation non-violente afin de former des cadres du « ballon rond » (dirigeants, arbitres, entraîneurs…). L’objectif : réduire les actes de violence et les incivilités sur les terrains amateurs.
Lors du premier semestre 2018, l’IFMAN (Institut de Formation et de recherche du Mouvement pour une Alternative Non-violente) a mis en place un module expérimental ayant pour ambition de former douze encadrants appartenant à six ligues régionales. L’idée est avant tout d’apprendre à apaiser ses émotions pour éviter la confrontation sur le terrain, de toujours chercher une issue honorable pour les différents acteurs d’un conflit, d’avoir le souci permanent de trouver les bons mots, la bonne posture, d’adapter son langage non-verbal, pour parvenir à dépassionner les échanges au cours d’un litige. Autre objectif de cette formation : permettre aux bénéficiaires de se sentir assez autonomes pour animer à leur tour le module au sein de leur propre ligue. La Fédération Française de Football regroupant plus de deux millions de licencié.e.s, l’enjeu est de taille, afin d’inscrire durablement la non-violence dans le monde du football.