Filières durables

« La notion de filière intègre tout ce qui relie la production d’un bien jusqu’à sa consommation par un individu [1] ».
« Atteindre la durabilité par les filières constitue donc une vaste ambition qui nécessite la prise en compte de nombreux éléments :
 Sur quelles ressources, renouvelables et non renouvelables, s’appuie la production d’un bien (matière première, énergie, substances chimiques…) et quelle est son empreinte écologique ?
 Dans quelles conditions sociales travaillent les personnes qui produisent ce bien et de quels droits bénéficient-elles (responsabilité sociale des entreprises…) ?
 Quels sont les modes d’acheminement du bien produit vers son lieu de distribution et de vente, et quelle est la distance parcourue (émissions de CO2, recours aux hydrocarbures…). Et là encore, quel statut des personnes en charge du transport ?
 Par quels circuits de distribution ce bien est-il mis en vente, et le produit de la vente bénéficie-t-il en partie aux personnes qui ont fabriqué ce bien, et dans quelle proportion (peut-on parler de commerce équitable par exemple) ?
 Enfin, une fois ce bien consommé ou usé, quelles sont les perspectives en matière de recyclage du bien lui-même ou de son emballage ? [2] ».

Définition développée

Comme décrit ci-dessus, « Mettre en œuvre et développer des filières qui se veulent durables implique de s’intéresser à plusieurs questions, qui peuvent bien sûr se poser différemment selon le secteur d’activité, que l’on traite d’agriculture, de textile, d’informatique ou de matériaux de construction. Ces questions se posent au niveau d’un territoire comme au niveau planétaire. [3] ».
Selon Socioeco.org « […] le commerce équitable, pas plus que la finance solidaire ou les monnaies locales ne peu[ven]t être en soi une réponse à tous les problèmes de développement. Il est nécessaire d’inclure tous les acteurs de la chaîne de valeur [4] ».
Ainsi, la notion, de filière désigne l’ensemble des étapes que connaît un produit ou un service en partant des matières premières, en suivant toute la chaîne de production et de transformation, et en incluant le système de distribution et même le devenir du produit après sa consommation, la dispersion dans l’atmosphère, la transformation en déchets, le rejet dans l’écosystème ou le recyclage. On parle aussi à ce sujet de cycle du produit ou encore du produit « du berceau à la tombe » (from craddle to grave). ; voir à ce sujet : Économie circulaire.
Une filière durable est une filière qui, prise globalement, en intégrant toutes les étapes de la production et tous les acteurs, est compatible avec le bien-être de l’ensemble de la société et avec la préservation de la biosphère.
Un certain nombre d’efforts sont faits depuis quelques années pour apprécier le caractère durable d’une filière, comme par exemple le « sac à dos écologique », mais aussi le développement de labels tels que la gestion durable des forêts, l’agriculture biologique ou la pêche durable qui prétendent indiquer la manière dont la préservation des écosystèmes a été prise en compte au cours du processus de production. Le mouvement du commerce équitable, de son côté, prétend privilégier la consommation de produits dont la production a respecté certaines normes sociales. Mais tous ces mouvements ont pour caractéristique de ne s’intéresser qu’à un fragment de la production. Plus récemment (2009), pour certaines denrées alimentaires comme la banane, se mettent en place des forums multi acteurs qui essaient de traiter globalement la filière. Le progrès futur est que l’organisation du commerce international, au lieu de porter seulement sur la suppression des barrières à l’échange international, porte sur la promotion de filières durables.

Exemples

« Plusieurs expériences, campagnes et outils pour mettre en œuvre des filières durables sur des secteurs particuliers ont émergé depuis deux décennies. Les uns privilégient plutôt l’aspect social et la redistribution des richesses, comme le commerce équitable ou la campagne Clean Clothes (vêtements propres) [5] sur le travail des enfants, les droits et revenus des ouvrières du textile en Asie. D’autres mettent l’accent sur l’aspect environnemental, via notamment le label FSC (Forest Stewardship Council) pour la gestion durable des forêts dans le cadre de la filière bois, ou le label AB (agriculture biologique) face à la pollution par les pesticides ou les engrais chimiques. Enfin, certaines expériences privilégient les deux approches, comme les AMAP (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne) ou certaines coopératives de production, qui concilient utilité sociale de leur production, faible empreinte écologique, et conditions de travail correctes [6] ». Ainsi, c’est dans le secteur de l’agriculture que les expériences de filières durables semblent être les plus nombreuses.

Selon l’idée que « les producteurs du commerce équitable pourraient […] se transformer en l’un des maillons d’une chaîne de production solidaire, qui mette en alliance les institutions et réseaux promoteurs de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS), des entreprises sociales, des consommateurs organisés et dans certains cas, des politiques publiques d’appui à ces initiatives », Socioeco cite les exemples suivants : « Foires de Consommation (Ferias de Consumo) au Venezuela, foires permanentes ou itinérantes de petits producteurs de l’ESS, initiatives d’articulations de consommateurs au Brésil, Value Chain Development Program (VCDP) en Asie, sont autant de pistes pour élaborer, distribuer et commercialiser des biens ou des services issus de l’ESS jusqu’à leur consommation finale, qui implique elle-même le consommateur dans ses choix quotidiens et dans son bien-être [7] ».