La démocratie, au coeur de l’ECSI

Une expérience d’ECSI : l’animation démocratique

Du côté de l’ECSI N° 35 – juillet 2021

, par ritimo

L’animation démocratique

Contexte
Si l’éducation populaire est « une pédagogie de la démocratie » parce que, pour aller aller vers l’émancipation, elle s’appuie sur l’expérience et l’expression de chacun·e, la posture des animateur·ices d’ECSI peut, elle aussi, soulever des questions de démocratie. En ne prenant pas en compte les multiples oppressions que la société génère, l’animateur·ice pourra, souvent bien malgré ellui, confisquer la parole et empêcher tout débat démocratique.

Public cible
Chacun·e

Objectifs visés
Identifier les méthodes de l’animation démocratique.

Organisation de l’expérience

Etape 1 Identifier l’objectif ou le contenu de l’animation
Les pédagogies de la décision, développées par Jean Houssaye, recommandent de faire des temps d’animation (notamment ceux au temps long : séjours de vacances, temps périscolaires...) des espaces pédagogiques autogestionnaires, c’est à dire de permettre aux premier·es concerné·es, celleux qu’on appelle généralement les « animé·es », de décider des contenus/objectifs des activités. Pour cela, un espace de décision collective doit être mis en place et pouvoir se réunir régulièrement. C’est celui-ci qui décidera également des règles qui s’appliqueront à la vie du groupe. Le respect de la liberté d’expression de chacun·e est essentielle.

Etape 2 Prendre en compte les inégalités dans la prise de parole
Pour que l’animation soit réellement démocratique, l’animateur·ice doit pouvoir identifier les déséquilibres dans l’espace de parole, les adresser (formuler ce déséquilibre), et y répondre en proposant à celleux qui n’ont pas encore pu/oser s’exprimer de le faire : « certaines personnes ont déjà beaucoup parlé, peut-être d’autres ont quelque chose à nous partager... »
Si certain·es sont simplement très bavard·es ou motivé·es, d’autres sont simplement habitué·es, éduqué·es à prendre la parole et être écouté·es. Ce n’est généralement pas le cas des personnes opprimées. L’animateur·ice s’assurera donc, pour que l’animation soit réellement démocratique, que les personnes marginalisées par la société puissent témoigner de leur expérience unique.

Etape 3 Interroger sa propre posture
S’il peut être important que l’animateur·ice commence par se positionner, en disant d’où ielle parle (ses privilèges), ielle devra prendre garde à ne pas laisser passer son intérêt personnel avant celui des participant·es (en choisissant les thèmes, répondant à certaines questions, etc).
Ielle fera attention à ne pas (trop) interrompre les membres du groupe.
Pour ne pas s’installer dans une position de domination, il est recommandé que les animations/ateliers/débats... ne soient pas animé·es par une seule et même personne.
Et enfin, afin d’éviter la posture de « gardien·ne du savoir » , l’animateur·ice doit s’efforcer de multiplier les sources, les points de vue, les ressources, en allant au-delà des références traditionnelles. Ielle s’assurera aussi de rendre les ressources disponibles et accessibles à chacun·e.

Conclusion
L’animation démocratique est un processus continu, qui se fait dans l’échange, et qui peut donc se poursuivre par un bilan avec les participant·es, mais surtout par la mise en place d’espaces d’analyse de pratiques (GIM, etc.).