
Peinture murale de Lask, Paris
Crédit Jeanne Menjoulet (CC BY-ND 2.0)
Le collectif Lost in Europe - composé d’une équipe de journalistes d’investigation des Pays-Bas, de Belgique, d’Italie, d’Allemagne, de France, de Grèce et du Royaume-Uni qui enquête sur la disparition d’enfants migrants en Europe avec pour objectif de retrouver les histoires de ces enfants disparus - a compilé des données pour essayer de quantifier cette réalité.
Les résultats de cette recherche basée sur la collecte de toutes les informations disponibles jusqu’en 2020 concernant les disparitions de MMNA dans 27 États membres de l’Union européenne, ensuite analysée par une équipe de 20 experts, scientifiques et employés d’ONG, ont été publiées simultanément le 19 avril par les médias collaborateurs dans 12 pays européens [1]
Les données, recueillies et analysées, dressent un tableau choquant : des milliers d’enfants migrants non accompagnés sont portés disparus en Europe. Entre 2018 et 2020, 18 292 mineurs migrants non accompagnés auraient disparus en Europe. Cela représente près de 20 MMNA par jour. Rien que l’année dernière, quelque 5 000 enfants ont été enregistrés comme disparus dans 10 pays européens. Les données permettent d’identifier les pays d’origine de ces enfants non accompagnés. Le Maroc, l’Algérie et l’Érythrée sont en tête de classement.
Lost in Europe souligne l’absence de données de qualité et comparables. Les data-visualisations présentées permettent de mieux comprendre en quoi les enregistrements comportent de nombreuses réserves et problèmes : ll n’y a tout simplement pas de collecte de données dans certains États et pour ceux qui les collectent, le mode d’enregistrement par les pays de l’UE n’est pas uniforme et ne se fait pas de manière coordonnée. Par exemple, les mesures prises après la disparition d’un MMNA varie considérablement d’un pays à l’autre. Certains ne disposent pas de données sur les nationalités des MMNA disparus...
Les chiffres indiqués ne sont donc qu’une approximation et il ne sera pas possible à l’avenir de faire une déclaration fiable sur ce groupe de personnes. Mais même si les chiffres définitifs font défaut, il n’en reste pas moins que ces MMNA font partie des groupes les plus vulnérables et que des milliers d’entre eux risquent d’être victimes de la traite des êtres humains et de devenir des victimes des formes d’exploitation du XXIe siècle, allant de la prostitution au travail forcé et à l’esclavage.
Un constat qui soulève une question importante : dans quelle mesure l’UE était-elle réellement capable et désireuse de protéger ces enfants ?