A de rares exceptions près, l’ensemble des pays du Sud ont connu un réveil et une dynamisation de leurs sociétés civiles ces vingt dernières années. L’ouverture, franche ou timide, d’espaces d’expression, les secousses de la mondialisation, la persistance d’inégalités scandaleuses ou de discriminations ancestrales cumulent leurs effets et alimentent les mobilisations. Paysans en faillite ou expulsés de leurs terres, indigènes
historiquement marginalisés, employés dégraissés, couches urbaines précarisées, intellectuels las de se censurer prennent possession des espaces publics pour y exposer leurs griefs et leurs revendications. Bien sûr, l’intensité et la forme de ces mobilisations sont hautement dépendantes des régions concernées : elles s’assimilent tantôt à une lame de fond, tantôt à un simple frémissement selon que l’on porte le regard vers l’Amérique latine, où de larges mouvements populaires ont joué un rôle de premier plan dans l’avènement de gouvernements progressistes, ou que l’on scrute le Monde arabe, la Chine ou l’Asie centrale, où des réseaux fragiles et semi-clandestins s’emploient courageusement à réclamer le respect des libertés et des droits sociaux de base. (...)
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