"Et si ?" Questions avec réponses pour un changement de paradigme dans le système de l’aide

Titre original : "What if ?" Questions with answers for a paradigm shift in the Aid System

, par ROMAIN MURPHY Marie-Rose

Haïti, 2011
Crédit photo : Groupe URD

Le secteur de l’aide dans son ensemble a besoin de reconnaître le rôle et la valeur des dirigeants et des organisations locales. En Haïti, lors du séisme de 2010 et du passage de l’ouragan Matthieu en 2016, les premiers à déblayer les débris ou porter assistance aux personnes étaient les membres des communautés ou organisations locales. Mais cela n’est, bien souvent, pas reconnu par les médias du Nord et les organisations internationales.

Les organisations du Sud ne perçoivent que 3% des ressources de développement et d’aide humanitaire. Les bailleurs et les institutions internationales pensent qu’il n’y a pas d’organisations locales et nationales assez compétentes sur le terrain pour soutenir le travail humanitaire. Cette idée est fausse. Elle est notamment dû au fait que les associations locales ne sont pas prises en compte dans les projets de cartographie du secteur de l’aide et restent bien souvent "invisibles". Et la dynamique actuelle maintient le cercle vicieux de la domination des organisations internationales sur le secteur de l’aide.

Le domaine de la recherche a aussi besoin de changements profonds. Nombre de projets ne répondent pas aux besoins des communautés car mal conçus par des experts qui ne connaissent pas ou peu la réalité de terrain et la vie réelle des communautés ciblées. Des programmes dirigés par des chercheurs locaux seraient mieux adaptés culturellement et plus efficaces.

Il s’agit également de changer de perception et de système de valeurs. La faible valorisation des pays du Sud et de leurs communautés produit un impact négatif au Sud comme au Nord et entrave les investissements des donateurs. Les pays du Sud doivent pouvoir concevoir leur programme en fonction de leur vision et des besoins et priorités définis par leurs communautés.

Si le secteur de l’aide transférait le pouvoir et laissait les communautés diriger, les acteurs du Nord et du Sud pourraient mieux travailler ensemble, combinant leurs compétences et leurs ressources, et ainsi arrêter la dépendance de l’aide.

Lire l’article original en anglais sur le site de CDA

Commentaires

Cet article de Marie-Rose Romain Murphy a été publié en février 2021 sur le blog CDA.
Haïtienne, Marie-Rose Romain Murphy a 30 ans d’expérience dans le secteur de l’aide en Haïti.