L’environnement est un système d’éléments, naturels et artificiels, en interaction, qui constitue un milieu dynamique. Il comprend des facteurs physiques, biologiques et socio-économiques. Les êtres vivants, leurs sociétés, le sol, l’eau, l’air, les objets physiques artificiels, les éléments symboliques et culturels constituent l’environnement.
Un cadre de vie dévasté, des conditions d’existence altérées
En 2020, nous étions 7,8 milliards d’humains sur terre, dépendants de sa biosphère [1] et de ses ressources naturelles. Mais ce système, qui offre à l’ensemble du vivant les conditions d’un maintien des fonctions biologiques vitales - respirer, s’alimenter, s’hydrater - et dans lequel la santé de toute espèce vivante est liée à celle des autres, est aujourd’hui si dégradé que la vie même sur terre est menacée.
Désertification, pollution, perte de biodiversité, risques sanitaires et réchauffement climatique : les scientifiques mesurent ces dégradations [2] tandis que chacun·e peut désormais en faire l’expérience.
Le danger n’est pas seulement écologique. Les catastrophes naturelles et dégradations environnementales (hausse du niveau des mers, pollution, déforestation, etc.), entraînent des catastrophes sociales dont le degré de gravité dépend du degré d’égalité dans de la société qui doit les affronter ; ces catastrophes écologiques renforcent les inégalités économiques et sociales car ce sont les populations les plus fragiles qui sont les plus affectées. Elles menacent aussi la paix : la raréfaction des ressources crée des tensions et des conflits géopolitiques, à l’image des tensions actuelles entre la Grèce et la Turquie pour les hydrocarbures, en Antarctique pour les ressources minérales, au Mali ou au Niger pour l’uranium, au Sahara occidental pour le phosphate, etc.
Les catastrophes climatiques détruisent des lieux de vie ou réduisent les moyens de subsistance des populations jetant de nombreuses personnes sur les routes de l’exil.
Toutes et tous responsables et victimes, mais pas de la même manière
L’activité humaine est, pour une large part, responsable de la dégradation environnementale et du réchauffement climatique. Comportements collectifs et individuels ne sont pas neutres. Nous sommes encore dans la période dite de la grande accélération [3] qui commence avec la révolution industrielle et s’accentue à partir de 1950. Elle se caractérise par l’évolution parallèle de l’activité humaine et des changements au sein de la biosphère. Cette période est marquée par l’élévation du niveau de confort et l’amélioration de l’état de santé des populations en général, quoique de façon très inégale, et par l’accroissement de la démographie. Mais l’intensification des activités économiques, agricoles et industrielles s’accompagne d’une augmentation des gaz à effet de serre, d’une diminution sensible de la biodiversité, de la destruction de la forêt tropicale, etc. Selon notre niveau de vie, nous ne sommes pas responsables de la même façon : alors que la moitié la plus pauvre de la population mondiale n’est à l’origine que de 10 % des émissions de CO2 mondiales [4], elle est la plus exposée aux catastrophes climatiques, aux pollutions, aux maladies environnementales, aux pandémies, etc. Ce constat vaut aussi à l’échelle des pays : les pays pauvres, pourtant moins pollueurs, se retrouvent plus impactés que les pays occidentaux.
Au delà de la responsabilité individuelle, ce sont surtout les choix politiques de production et de consommation, les choix énergétiques et industriels qui sont en cause. Le calcul de notre empreinte écologique [5] montre que ces choix décidés en toute conscience ont des conséquences néfastes pour notre environnement.
Un modèle agro-industriel destructeur
Le modèle agro-industriel n’est toujours pas remis en question. Subventionné, il nourrit la majorité des populations dans les pays développés qui exportent leur surplus vers les pays du Sud, concurrençant ainsi culture et agriculture locales. Par ailleurs, l’agriculture intensive fondée sur la recherche du profit a des impacts socio-environnementaux pouvant être dévastateurs : les monocultures et l’usage massif et régulier d’engrais et de pesticides accélèrent la destruction des sols, la pollution de toute la biosphère et conduisent à une baisse des rendements à moyen et long terme.
Des modes de vie insoutenables
La consommation d’énergie est en constante augmentation. De plus en plus, les équipements individuels sont privilégiés pour se déplacer, communiquer à distance, etc., avec des conséquences importantes sur l’environnement.
Les énergies fossiles (notamment pétrole, charbon, gaz), non renouvelables, sont extrêmement polluantes. Quant à l’énergie nucléaire, le coût de la filière est prohibitif (construction, entretien et démantèlement des installations) et le problème de la gestion des déchets radioactifs n’est pas résolu. Valorisés comme des alternatives aux énergies fossiles et nucléaires, les équipements verts utilisant l’énergie renouvelable ne sont pas non plus des solutions idéales car ils nécessitent, pour leur fabrication ou leur utilisation, le recours aux métaux rares dont les coûts environnementaux, économiques, sociaux et politiques sont très élevés.
Des inégalités mondiales
Ce sont les pays du Nord qui consomment le plus d’énergie, produisent le plus de déchets et de pollution, au détriment des pays du Sud dont les ressources (pétrole, gaz, métaux et terres rares, sols et forêts, etc.) sont exploitées, voire pillées par des multinationales. Souvent, ces pays servent également de dépotoirs aux déchets des pays riches.
Il ressort d’une étude sur les inégalités énergétiques dans le monde et dans 86 pays, que les 10 % les plus riches consomment 20 fois plus d’énergie que les 10 % les plus pauvres. Les plus aisés se révèlent ainsi les plus émetteurs de gaz à effet de serre [6].
Enfin, l’impact des dégradations environnementales est d’autant plus important que les populations sont économiquement fragiles. Les populations du Sud sont les premières victimes des conséquences du dérèglement climatique, dont elles ne sont pas responsables, et elles n’ont pas les moyens de se protéger ni de s’adapter.
La prise de conscience du rôle des activités humaines
Depuis les années 1950, on assiste à une prise de conscience des conséquences des activités économiques sur l’environnement, en particulier des problèmes posés par les déchets et la pollution.
En 1971, un rapport du Club de Rome intitulé « Halte à la Croissance ! » dénonce le danger pour l’environnement d’une croissance économique et démographique exponentielle et préconise la croissance zéro. En 1987, le rapport Notre Avenir à Tous lance un appel pour un développement durable et une modification urgente et profonde des pratiques humaines, notamment dans le monde occidental. La notion de développement durable, qui repose sur l’idée que la croissance économique ne peut être durable que si, dans le même temps, elle intègre la justice sociale et la démocratie, a contribué à prendre en compte le lien entre les inégalités sociales et les problèmes écologiques.
Depuis le premier Sommet de la Terre à Stockholm en 1972, les sommets internationaux consacrés à l’environnement et au développement se succèdent, donnant lieu à des programmes tels que celui des Objectifs de développement durable (ODD) [7], à des groupes d’études pluridisciplinaires internationaux, comme le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) [8] ou, plus récemment, l’Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services (IPBES [9]). Ces instances documentent l’état de la planète et proposent des orientations destinées aux chefs d’État qui se réunissent notamment lors des Conférences des Parties (COP) [10] .
Malgré les preuves alarmantes concernant l’état écologique et social de la planète, les États, pris dans la guerre économique et la poursuite d’un idéal de croissance, ne se donnent pas les moyens d’agir sur les causes du processus en cours.
Des changements politiques nécessaires
Plus de cinquante ans d’informations scientifiques et vingt-cinq ans de réunions diplomatiques dans les COP n’ont pas réussi à conduire les gouvernements des États et les responsables de l’économie mondiale à prendre des mesures à la hauteur des nécessités de l’urgence environnementale.
L’Organisation mondiale du Commerce (OMC), par exemple, ne prend toujours pas en compte la question de l’environnement ni des ressources naturelles et il est toujours attendu des États, qui ont signé et ratifié les diverses Conventions internationales sur la biodiversité, la lutte contre la désertification, le réchauffement de la planète, qu’ils tiennent leurs engagements.
Pour qu’un changement soit possible, il est indispensable que les États mettent en place des réglementations pour soutenir les initiatives porteuses d’un avenir durable et qu’ils n’apportent plus leur soutien aux activités destructrices et polluantes des multinationales.
La question de la pénalisation de l’écocide, terme qui fait référence à la destruction ou à l’endommagement irrémédiable d’un écoystème et à la mise en péril des conditions d’existence a réapparu depuis quelques années dans le débat. En France, la Convention citoyenne sur le climat, en juin 2020, a affirmé l’urgence de pénaliser les atteintes graves à l’environnement en introduisant la reconnaissance de ce crime dans le droit national et international [11]. Des avancées dans ce domaine semblent possibles en France, aux niveaux européen et international.
Lors de la COP21, qui s’est tenue le 12 décembre 2015 à Paris, 195 pays ont scellé le premier accord universel sur le climat, accord malheureusement non contraignant. Un premier bilan mondial des émissions de gaz à effet de serre devrait se dérouler en 2023, suivi d’un rapport d’avancement tous les cinq ans, faisant le point sur les mesures qui ont été réellement mises en œuvre.
Ainsi, lors du Sommet « Ambition climat » organisé par l’ONU, la France et le Royaume-Uni, le 12 décembre 2020, cinq ans jour pour jour après la signature de l’Accord de Paris, plus de 70 chefs d’État ou représentants de gouvernement se sont exprimés pour annoncer le rehaussement de leurs engagements climatiques.
Ces engagements ne sont pas contraignants. Il est donc essentiel de s’assurer que les États qui ont ratifié les diverses conventions les traduisent en politiques et que celles-ci aboutissent à des mesures concrètes.
Une société civile mobilisée
La société civile a un rôle majeur à jouer pour faire pression sur les décideurs et pour faire évoluer les modes de vie vers une consommation plus responsable. Beaucoup peut être fait dans ce domaine, notamment pour diminuer la consommation d’énergie, réduire la production de déchets et la pollution, favoriser les moyens de transport en commun, encourager la consommation locale, etc.
De plus en plus de citoyen·nes se mobilisent et de nombreuses ONG publient des rapports d’enquête, alertent sur l’état des dégradations de l’environnement et ses conséquences et rendent visibles les causes et les responsabilités. Les tribunes de scientifiques se multiplient comme « l’alerte à l’humanité » [12] en 2017 ou « l’appel à la désobéissance civile et au développement d’alternatives » paru dans Le Monde en février 2020.
Dans de nombreux pays émerge une société civile mondiale dont les citoyen·nes réclament de leurs gouvernements qu’ils mettent en place des politiques pour construire pour tou·tes une autre manière d’habiter la terre. Jeunes et adultes participent à des marches pour le climat et réclament la justice sociale et environnementale. Des mouvements citoyens organisent la signature de pétitions interpellant nos dirigeant·es, d’autres occupent les sites des multinationales liées à l’ exploitation des énergies fossiles. Greta Thunberg, lycéenne suédoise de 16 ans, lance en 2018 une grève de l’école pour le climat qui est suivie par la jeunesse dans le monde entier.
Le premier procès climatique en France
Le 31 mars 2019, quatre ONG environnementales – Notre Affaire à tous, Greenpeace France, Fondation Nicolas Hulot et Oxfam France - déposent un recours en justice devant le tribunal administratif de Paris contre l’État français, pour manque d’action au regard de ses engagements climatiques [13]. La pétition lancée recueille 2,3 millions de signatures. Lors du procès qui s’est tenu le 14 janvier 2021, la rapporteuse publique, à l’issue d’une argumentation de près de deux heures, a invité le tribunal à reconnaître la « carence fautive » de l’État.
A l’instar de cette « Affaire du siècle »[https://laffairedusiecle.net/qui-sommes-nous/]] des millions de citoyen·nes partout dans le monde se réunissent en collectif pour demander aux États comme aux entreprises de rendre des comptes devant la justice pour atteinte à l’environnement ou pour non considération politique du péril en cours.
Les ONG et les citoyen·nes ont un rôle majeur à jouer pour exercer une vigilance auprès des pouvoirs publics et soutenir ce combat essentiel pour l’avenir de l’humanité.