Low tech : face au tout numérique, se réapproprier les technologies

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Enercoop, un modèle énergétique citoyen

Si les low tech proposent une approche plus vertueuse des outils numériques, l’impact social et environnemental de l’énergie qu’elles consomment pose question. C’est pourquoi, faire le choix de solutions de technologies simples, accessibles et durables doit systématiquement être allié au choix d’une production et d’une consommation énergétique renouvelable, sobre et efficace redonnant toute sa place aux citoyen·nes.

Aujourd’hui ce modèle existe dans le secteur énergétique, c’est celui des communautés énergétiques citoyennes. Souvent incarné par des structures coopératives, plus de 3 000 initiatives de ce type ont été recensées en Europe dont environ 300 en France. Elles opèrent à travers des projets de production, de distribution, de stockage, de fourniture d’énergie à partir de sources renouvelables, ou offrent des services d’économie d’énergie. Ces projets se distinguent des entreprises énergétiques commerciales traditionnelles principalement par les valeurs qui les animent :

  • Le souci de la communauté – leur objectif est de fournir des avantages économiques, sociaux et environnementaux à leurs membres ou aux territoires sur lesquels elles sont actives, plutôt que d’être axé sur la seule recherche de profit ;
  • La participation ouverte et volontaire de leurs membres – l’adhésion à une coopérative est ouverte à toutes les personnes utilisatrices de ses services ;
  • La gouvernance démocratique de l’entreprise – fondée sur des droits de décision égaux (c’est-à-dire une personne = une voix quel que soit le capital investi) ;
  • L’autonomie et l’indépendance – la structure est contrôlée par les membres ou actionnaires ; les investisseurs ou entreprises externes participant à la communauté ne doivent pas avoir de position de contrôle au sein de la gouvernance.

Au cœur de ce mouvement, un exemple est particulièrement représentatif en France : celui du réseau Enercoop.

Le projet Enercoop

Enercoop est un fournisseur d’électricité 100 % renouvelable coopératif ayant une logique de circuit court. Depuis sa création en 2005, il s’est donné pour mission de promouvoir et de développer les énergies renouvelables, d’inciter à la maîtrise de la consommation d’énergie et de favoriser l’appropriation citoyenne de la question énergétique.

Enercoop s’approvisionne, directement et exclusivement, auprès de producteurs d’énergies renouvelables et développe des outils de maîtrise de la consommation d’électricité pour ses client·es. La coopérative a donc pour objectif principal la recherche d’une utilité sociale en concourant par ses activités à la transition énergétique dans ses dimensions économique, sociale, environnementale et participative.

Composé de 11 coopératives indépendantes, réparties sur tout le territoire métropolitain, le réseau Enercoop s’organise sur les principes d’une gouvernance partagée, transparente et démocratique. Au 1er janvier 2020, avec 87 000 client·es, 46 700 sociétaires, 288 producteur·rices et 205 salarié·es, le réseau des coopératives Enercoop agit pour construire, par tou·tes et pour tou·tes, un nouveau paysage énergétique en France.

Le mouvement coopératif

Le modèle d’Enercoop a été fondé sur les valeurs coopératives et porte aux côtés d’autres structures de l’économie sociale et solidaire deux convictions fortes :

  • Tout d’abord, l’idée que les gestes individuels isolés et les approches fragmentées ne suffiront pas. C’est bien un changement de modèle économique et social qui est visé, et c’est donc une approche transversale qui doit être mise en œuvre afin de répondre notamment aux enjeux de lutte contre le changement climatique ;
  • La deuxième conviction est qu’un changement de modèle économique plus large est nécessaire et que le modèle coopératif doit jouer un rôle central dans cette mutation. La réussite de la transition écologique n’est pas compatible avec le maintien d’un système dominant dans lequel règne sans partage la recherche du profit (fut-elle atténuée par quelques actions charitables), la pression court-termiste, la confiscation par une élite du pouvoir de décision et de l’essentiel de la richesse produite.

Un modèle d’avenir

La transition écologique et sociale doit au contraire se penser dans l’avenir à moyen et long termes, être portée et partagée par tou·tes les citoyen·nes et être protégée des intérêts des lobbies industriels et financiers. Loin d’être un modèle du passé, les coopératives ne cessent aujourd’hui de se réinventer, comme le montre aussi le mouvement coopératif de plateforme autour des enjeux numériques, alternative à l’ubérisation du travail et de l’économie. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Enercoop porte une attention particulière au choix de ses outils numériques et promeut notamment le logiciel libre.

Depuis sa création, Enercoop s’est ainsi construite comme une alternative à des modèles monopolistiques centralisés et gérés hors de tout contrôle citoyen dans le secteur de l’énergie. En ce sens, ses fondateurs ont fait le choix du statut de société coopérative d’intérêt collectif, porteur d’une autre vision de société et de modèle économique. Dans cette optique, Enercoop porte un projet qui veut rapprocher le consommateur d’énergie de la réalité de sa production et de ses impacts sur notre environnement. Mais son ambition est bien de s’inscrire dans un écosystème plus large, en œuvrant non seulement pour une transition énergétique mais également pour une transition vers des modes de consommation plus vertueux.