Les chiffres de l’excision dans le monde
Selon l’UNICEF, plus de 125 millions de filles et de femmes en vie en Afrique ont été victimes d’une mutilation génitale féminine. Si les données épidémiologiques montrent une baisse continue de cette pratique en Afrique - avec toutefois des tendances différenciées selon les pays - chaque année en Afrique, près de 3 millions de jeunes filles sont exposées à des risques parfois mortels dus à l’excision.
Le rapport de l’organisation publié en 2013 et maintenant disponible en français "MGF – Bilan statistique et Dynamiques de changement -UNICEF 2013" offre un bilan statistique complet des mutilations génitales féminines/excision (MGF/E) dans les 29 pays d’Afrique et du Moyen-Orient où ces pratiques se concentrent. Liées à l’appartenance ethnique, elles sont le plus souvent justifiées par des raisons d’acceptation sociale.

Mais ces pratiques ne concernent pas uniquement ces pays. C’est une problématique globale qui touche les populations de certains pays d’Asie, d’Amérique latine et également la diaspora résidant en Australie, aux États-Unis et en Europe. Quelques exemples :
- au Kurdistan irakien, où la pratique touche encore près de 50 % des femmes
- en Indonésie, où les MGF sont légitimées
- Aux États-Unis, où la situation est alarmante : 150 000 à 200 000 jeunes filles courent le risque de subir des MGF/E, chiffre qui aurait augmenté de 35 % entre 1990 et 2000. Ce qui surprend est la méconnaissance du phénomène et de la pratique elle-même
- Au Royaume Uni, ce phénomène concerne 170 000 femmes
- En France, selon Isabelle Gillette-Faye, sociologue, directrice de la Fédération Nationale GAMS (Groupe pour l’Abolition des Mutilations Sexuelles), on estime à 60 000 les femmes excisées et 30 % de leurs filles en risque de l’être.
"Sept filles se font encore couper ou mutiler les parties génitales chaque minute dans le monde. Et la vitesse à laquelle la pratique décline n’est pas suffisante pour contrebalancer l’augmentation de la population. Si cette diminution ne s’accélère pas, le nombre de victimes va passer de 3,6 millions par an aujourd’hui à 4,1 millions en 2035.
Le combat contre l’excision continue !
Dans nombre de pays, les lois qui interdisent les mutilations génitales féminines existent mais elles sont peu appliquées : récemment, cinq personnes ont été condamnées en Ouganda et le 26 janvier 2015, un médecin égyptien a été condamné à deux ans et trois mois de prison pour avoir pratiqué une excision ayant provoqué la mort d’une adolescente.
Pour lutter contre ce fléau, la prévention est privilégiée. Celle-ci peut prendre différentes formes :
- Tournées de sensibilisation en Côte d’Ivoire ainsi qu’au Sénégal, en milieu rural et en Mauritanie
- Rôle clé des médias dans l’élimination des MGF au Kenya
- Engagement de la diaspora au Mali
- En Éthiopie, l’association Kembatti Mentti-Gezzima-Tope (KMG) se bat en proposant notamment des rites alternatifs à l’excision. Également, au nord-est de l’Éthiopie, les femmes Afars ont ouvert une "Maison" pour y informer et accueillir celles et ceux prêts à renoncer aux mutilations sexuelles.
En Europe, la campagne "Halte aux mutilations génitales féminines (MGF)" a permis de mettre à l’agenda européen la problématique de l’excision.
En France, la Fédération nationale Gams (Groupe pour l’Abolition des Mutilations Sexuelles), et le collectif "Excision, parlons-en !" œuvrent en ce sens et, en janvier 2015, l’association "Espoirs et combats de femmes" lance sur les réseaux sociaux la campagne "Non à l’excision !"

On l’a vu tout au long des articles cités, le combat contre les MGF/E est indissociable de la lutte contre les mariages d’enfants et les mariages forcés qui touchent près de 700 millions de femmes. Selon le Girl Summit 2014, tenu le 21-22 juillet à Londres sous le patronage de l’Unicef, plus d’une mariée forcée sur trois, soit 250 millions, l’a été alors qu’elle n’avait pas 15 ans. Du viol légalisé par la coutume en somme...
Non, nous n’en avons toujours pas fini avec les violences faites aux femmes et les formes de violences patriarcales, sexuées, sexistes et sexuelles sont multiples comme le rappelle Bina Shah, romancière en langue anglaise et journaliste, dans un article du Huffington Post (traduit ici).