De nombreux·ses paysan·nes s’orientent vers l’agroécologie, c’est-à-dire vers des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement et des êtres humains. L’agroécologie paysanne est difficile à pratiquer dans un contexte où l’État et les grandes entreprises internationales ont tendance à imposer un modèle productiviste à grande échelle. En Thaïlande, l’agroécologie est également un mode de contestation, une résistance des paysan·nes face au modèle productiviste afin de construire une véritable souveraineté alimentaire.
Pour Via Campesina (réseau international paysan), la souveraineté alimentaire est le droit des peuples à une alimentation saine et culturellement appropriée, produite grâce à des méthodes durables et selon leurs propres systèmes agricoles et alimentaires.
La souveraineté alimentaire est devenue une réalité dans la province thaïlandaise de Chachengsao, où des paysan·nes agroforestier·ères œuvrent en communauté pour cultiver des plantes vivrières, des arbres, et des herbes médicinales. Les membres de la communauté partagent les fruits de leurs récoltes et les répartissent pour fournir un revenu quotidien à toutes et tous. Le bois peut servir d’ « argent urgent » en cas de besoin ou d’épargne à plus long terme pour la vieillesse ou pour financer les études des plus jeunes. L’idée fondamentale est que les paysan·nes peuvent vivre avec la forêt. Celle-ci n’est alors plus considérée comme un simple bien à écouler sur les marchés. Ces paysan·nes utilisent en outre ce modèle pour lutter contre l’accaparement des forêts dans le cadre des mécanismes de marché internationaux promus par les organisations internationales à l’instar du projet REDD+ [1], présenté par ces dernières comme une solution à la crise climatique.