En Amérique latine, la lutte contre la violence faite aux femmes s’est cristallisée autour de la figure du féminicide. Assassinat d’une femme parce que femme (souvent perpétré par son (ex)compagnon), ce sont des dizaines de cas, chaque mois, dans chacun des pays de la région. Les féministes dénoncent systématiquement depuis plusieurs années ces meurtres, l’indifférence générale de la société et l’impunité des coupables.
Cette figure du féminicide est un outil à la fois théorique, politique et légal. Théorique, car elle insiste sur le continuum de la violence de genre que les femmes subissent tout au long de leur vie, dont l’assassinat n’est que l’aboutissement. Politique, car des centaines de milliers de femmes se mobilisent et manifestent dans les rues en Argentine, au Pérou, au Mexique, ou encore au Chili, chaque année, depuis 2015. Légal enfin, car l’introduction de cette catégorie dans les différentes législations nationales (sur pression constante et têtue des féministes) permet de punir spécifiquement la violence machiste : au Costa Rica (2007) et Guatemala (2008) ; au Chili (2010) ; au Pérou (2011) ; au Mexique (2012) ; en Bolivie (2013) et en Équateur (2014).
Ainsi, à Cusco, au Pérou, le premier cas de féminicide a été jugé en tant que tel fin 2017. Lisbeth Ñaupa Mina étudiante en droit de 23 ans, a été assassinée par son petit ami en novembre 2014. C’est la pression dans les médias, dans les rues, devant le palais de justice et les infrastructures pénitencières qui a obligé le pouvoir judiciaire à traiter ce cas, et à prononcer une sentence de 25 ans de prison (le minimum pour féminicide) – contre 3 ou 4 ans pour un homicide « simple ». Ces sanctions s’accompagnent de politiques publiques de prévention de la violence machiste, avec des réformes éducatives et des campagnes publiques pour déconstruire les stéréotypes de genre.
La pression sociale et les mobilisations féministes permanentes payent ! #NiUnaMenos (« Pas Une de Moins »)