Élections municipales, européennes, départementales et régionales 2014-2015 : l’immigration au cœur du débat politique

Elections régionales 2015 : après les attentas terroristes de janvier et de novembre 2015, quels discours ?

, par ASIAD , M’BODJE Mamadou

Après les attentats de janvier 2015 et ceux de novembre 2015 qui se sont produits pendant les débuts de la campagne des élections régionales, il s’agissait de faire face, après le traumatisme et l’émotion. A qui la faute ? Que Faire ? Etc. Face à ces attentats, les français se sont rassemblés pour clamer leur attachement à la démocratie et à la laïcité, la République se mobilise et voit renaître un formidable élan de vie et de résistance de citoyens de tous âges, de tous bords politiques, de toutes confessions, unis quelque soient leurs différences. Jamais depuis la libération la France n’a connu de tels rassemblements. Pas de musique, pas de cris, pas de meneurs, pas d’altercations ni de casseurs, juste l’heure de dire non à la haine et juste : liberté, égalité, fraternité.

Les miracles de l’unité ?

Le drapeau français, « la marseillaise », qu’on ne voyait ni n’entendait plus que timidement ou dans les rassemblements du Front national, sont arboré et chantée fièrement. On a assisté à des scènes qu’on n’est pas près d’oublier tant elles renversaient nos habitudes, nos cloisonnements idéologiques et politiques. A certains moments, c’était comme si toutes les polémiques qui avaient pu séparer les Français, se résolvaient quasi miraculeusement. Cependant, du côté de l’Etat, la gravité des attentats devait entraîner un renforcement de l’arsenal législatif antiterroriste. Nouvelles menaces, nouvelles lois ? De même, après la trêve républicaine, les partis politiques remettent leurs habits de « campagne électorale » beaucoup plus rapidement que pour les élections départementales (après les attentats de janvier) et avec des propositions poussées sur le thème de la sécurité face au « terrorisme islamique ».

11 janvier 2015, Place de la République, Paris. Photo : Maya-Anaïs Yataghène.

Pour Nicolas Sarkozy, président de l’UMP (devenu Les Républicains), le temps de la riposte a sonné mais il sait aussi qu’il est pris en étau : il doit répondre à l’attente des militants qui veulent des réponses fermes, sans pour autant stigmatiser les musulmans. D’autant que la posture de François Hollande depuis janvier, en « père de la nation », rend plus compliqué le positionnement de Sarkozy et son parti. Du côté du Front national, le parti veut aussi pousser encore plus ses pions/ « On est chez nous » scandent les militants à toutes les manifestations, estimant avec Marine Le Pen qu’ils dénonçaient depuis longtemps le laxisme des autorités face à la poussée de l’islam radical en France et de ses risques en termes de sécurité, tout en accusant le gouvernement de faire « une politique de l’émotion et non de la solution ».

Après les attentats du 13 novembre 2015 et la mise en place de l’état d’urgence, le Président de la République François Hollande, dans son discours devant le Congrès, parle de la déchéance de nationalité pour les terroristes binationaux nés français, provoquant ainsi un tollé dans son camp -qui l’avait applaudi debout à Versailles. La gauche du PS, à l’instar de Benoît Hamon, y voit une dérive droitière. En tenant à la déchéance de nationalité, inspirée de la droite et de l’extrême droite, François Hollande met aussi les Républicains au défi de voter, plus tard, sa réforme. La mesure est soutenue par l’opinion, ce qui n’a échappé à aucun leader politique.

De quoi s’agit-il ?

La « dénaturalisation » date de 1848. C’est une sanction contre les Français qui refusent l’abolition de l’esclavage et continuent la traite. Pendant la Première Guerre mondiale, une loi autorise le retrait de la nationalité française à des citoyens originaires de puissances ennemies. Sous le régime de Vichy, la déchéance est massive, avec 15000 cas, dont de nombreux Juifs d’Afrique du Nord. Le cas le plus célèbre reste celui d’un Français de naissance, le général De Gaulle. Une ordonnance de 1945 fixe les grandes lignes de la législation actuelle.

L’article 25 du Code civil prévoit qu’un individu français par acquisition depuis moins de quinze ans peut être déchu de la nationalité « s’il est condamné » pour un crime ou un délit mettant en jeu « les intérêts fondamentaux de la nation », le « terrorisme » ou s’il s’est livré pour le compte d’un État étranger « à des actes préjudiciables aux intérêts de la France ». Selon le ministère de l’Intérieur, 26 déchéances de nationalité ont été prononcées depuis 1973, dont 13 pour terrorisme (8 entre 2000 et 2014, mais aucune entre 2007 et 2012). En vertu de l’article 15 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme et la convention de New York de 1954, seules les personnes ayant une double nationalité sont concernées, dans le but de ne pas créer d’apatrides.

En mai 2014, Bernard Cazeneuve a signé un décret retirant la nationalité française à Ahmed Sahnouni, l’un des cerveaux d’un attentat perpétré par Al-Quaïda au Maroc. Il avait obtenu sa naturalisation en 2003. A l’automne, le gouvernement a prononcé cinq nouvelles déchéances. Le projet de réforme constitutionnelle prévoit d’étendre la déchéance aux binationaux nés en France.

Ce discours séduit aussi bien à la base qu’au sommet de la société française, mais revient à établir une distinction entre deux citoyens français de naissance suivant qu’ils sont binationaux ou non.

En introduisant cette distinction, la République n’est plus indivisible. Cette décision remettrait en cause le droit du sol. Le symbole choisi, envoie peut être, à des millions de citoyens le message suivant : vous êtes des Français de seconde catégorie…

L’ennemi intérieur : la menace « étrangère »

Depuis le renversement du Shah d’Iran en 1979 jusqu’aux révolutions arabes de 2011, l’islam « de l’étranger » est devenu une force propulsive qui se targue d’inspirer des régimes aux formes multiples. Certains, comme en Tunisie, avancent sur le chemin de la démocratie, d’autres en Iran ou en Arabie Saoudite, sont encore confinés dans la dictature. Mais la simple présence dans l’hexagone de plusieurs millions de Maghrébins, d’Orientaux, d’Africains, athées ou musulmans, croyants ou pas, placerait notre pays sous la « menace étrangère » aux yeux des islamophobes les plus virulents. L’armée, la police, les acteurs de la politique d’urbanisme, veillent dans « les zones sensibles » à endiguer ces « foyers » de révolte. Là encore, tous suspects, tous dangereux, tous coupables ! C’est comme s’il se produisait, étape après étape, une pensée politique et militaire, d’Etat et privée, centrée sur la reconnaissance d’une menace transnationale prenant appui sur une cinquième colonne socio-ethnicisée, cachée dans la population musulmane… Avec la disparition de l’ennemi juif, soviétique, le corps immigré va pouvoir apparaître comme le support de reconstruction d’un ennemi intérieur…

La première guerre d’Irak, puis les attentats de 1995 sur le territoire français vont ainsi constituer le socle sur lequel instituer une prospective de la guerre civile post-coloniale. Rejetées en un vaste amalgame, ces populations « d’apparence musulmane », selon la périlleuse expression de Nicolas Sarkozy, alimentent une grande peur qui fait du musulman l’ennemi absolu, l’envahisseur qui prétend asservir le Français « de souche », celui qui doit être combattu dans une véritable guerre contre-révolutionnaire. Comme le fit l’anticommunisme des années 30, ce discours-là rapproche droite et extrême droite du fameux épisode du « pain au chocolat » dénoncé par Jean-François Copé aux diatribes répétées de Marine Le Pen, mais peut aussi toucher la gauche.

D’une dérive à l’autre

Chaque crise internationale, chaque attentat terroriste est l’occasion d’attiser une « islamophobie » qui fait de tous les musulmans présents en France les complices d’actes sanglants commis par une poignée d’intégristes. « Combien de Mohamed Merah dans les bateaux, les avions, qui chaque jour arrivent en France remplis d’immigrés » lance Marine Le Pen le 25 mars 2012, oubliant au passage que l’auteur des tueries de Montauban et Toulouse était un Français né sur notre territoire. « Ce qui s’est passé sur notre territoire n’est pas l’affaire de la folie d’un homme ; ce qui s’est passé est le début de l’avancée du fascisme vert dans notre pays », renchérit la présidence du FN le même jour lors d’un meeting de campagne présidentielle à Nantes.

Quelle que soit l’élection, le dessein de l’extrême droite est limpide, celui de la droite plus complexe lorsqu’elle espère récolter les fruits des « peurs » de ses propres électeurs. Elles font écho à d’autres inquiétudes, celles-là nées à Gauche, au nom de la laïcité. Dans la construction de l’ennemi intérieur contemporain, l’entrée en jeu de progressistes, élus de gauche qui proposent d’interdire les voiles islamiques aux puéricultrices des crèches, ou d’un ministre de l’Intérieur socialiste -Manuel Valls- qui trouve intéressante la suggestion du Haut Conseil à l’Intégration d’interdire le même voile sur les bancs de l’université, participe à créer une certaine ambiance. Les motivations ne sont pas les mêmes, et le rejet de la droite extrême n’est pas la préoccupation laïque de la gauche. Mais, au final, le consensus se crée sur l’idée d’un « problème musulman ». D’une préservation de la laïcité au nom de valeurs positives -l’égalité hommes-femmes, notamment- on risque de passer à une conception verrouillée de l’identité.

Le continuum se fait, presque malgré ses acteurs, dans la confusion. « Seule Marine Le Pen défend la laïcité », lâche un jour la philosophe Elisabeth Badinter, pourtant insoupçonnable de complaisance envers le FN. Mais c’est elle, avec d’autres intellectuels progressistes, qui, dès 1989, a fait de la lutte contre le foulard islamique le point clivant des débats français. D’une dérive à l’autre, les barrières se font poreuses.

Loin des précautions de langage et des structures mentales des gauches, les haineux profitent des confusions. Il s’agit d’accuser toutes les populations immigrées vivant dans l’hexagone de vouloir coloniser la France pour y imposer leur culture, leur mode de vie et surtout leur religion, incarnée dans le symbole terrifiant de la charia, la loi islamique. Pour beaucoup, les « musulmans français » d’aujourd’hui sont des suppôts de Boko Haram, Daesch (Etat islamique) et d’Al-Qaïda, déjà actifs ou en sommeil, ou des alliés potentiels constituant un « ennemi de l’intérieur » déjà en place, d’autant plus dangereux qu’il vit dans une population « alliée » et se cache dans les quartiers. Cette vision est amplifiée par la guerre en Syrie, en Irak et ailleurs, avec des « vagues de réfugiés » aux frontières de l’Europe.

"Ouvrez les frontières". Photo : Darren Johnson.

Ces approches présentent les réfugiés (et plus largement l’immigration) comme une menace, sous quatre angles : celui du travail, qui les accuse d’accaparer les emplois des nationaux ou de tirer les salaires vers le bas ; celui de l’ordre public, qui met l’accent sur la dimension sécuritaire ; l’angle fiscal, qui s’inquiète du prétendu coût pour les contribuables en matière de santé publique et d’éducation ; et enfin, celui de la cohésion nationale qui associe les différences culturelles (tradition, religion,langue) dont ils sont porteurs à une menace pour l’unité nationale et l’harmonie sociale.

Les opérations de manipulation

En se déguisant en pseudo-défenseurs de la laïcité, nous avons remarqué, surtout pendant cette campagne des régionales, que les islamophobes parviennent à entraîner dans leur sillage des militants, pour certains issus de la gauche. C’est le cas, par exemple, du tandem fondateur de l’association Riposte Laïque, Pierre Cassen et Christine Tasin, co-organisateur de « l’apéro saucisson-pinard » et des « Assises contre l’islamisation » de notre pays. A un autre niveau, beaucoup de candidats se sont accaparés des grandes figures de l’Histoire en se livrant à une opération de révisionnisme pour les retourner à leur profit contre l’ennemi musulman.
Quiconque ne se joint pas à leur combat est qualifié d’être dans « le politiquement correct ».

Le FN, les Républicains et même certains PS ont réussi à convoquer dans les débats tour à tour les grandes figures des résistants donc, mais aussi « les Francs » qui ont « abandonné leurs mœurs barbares pour s’assimiler aux Gallo-Romains », Jeanne d’Arc, évidemment, « boutant les occupants hors de France », sans oublier les sans-culottes, le peuple parisien des barricades des trois Glorieuses de 1830, celui de 1848, « Marianne et son bonnet phrygien », Montaigne, Rabelais, Voltaire, et même « les Manouchian, pourtant d’origine étrangère, fusillés pour avoir défendu la liberté et la France ». L’opération ne recule devant aucune manipulation grossière.

Ce drapeau de la résistance, l’extrême droite et notamment Génération Identitaire, tente depuis longtemps de s’en emparer. Souvenons-nous, le samedi 20 octobre 2012 déjà, ses militants occupent le chantier de la future mosquée de Poitiers et grimpent sur son toit en scandant « Charles Martel ! Charles Martel ! », « L’identité, elle est à nous, on s’est battus pour la reprendre, on se battra pour la défendre ! », avant de déployer une banderole : « 732. Génération Identitaire ».

Ces symboles grossiers sont supposés mettre en scène un geste héroïque puisque « la mosquée de Poitiers n’a pas pour seul but de fournir un lieu de culte aux musulmans du Poitou. Le bâtiment est éminemment politique », en référence à l’histoire de la ville.

Pour cette poignée de « militants », comme en 732, « résister » en 2012 à l’avancée musulmane à Poitiers, c’est l’empêcher de déferler sur le Nord et conquérir l’ensemble de l’hexagone. « Cette action montre l’avancée de l’islamisation et toute la classe politique est prête à collaborer », assène le leader de Bloc Identitaire, Fabrice Robert, au lendemain du coup d’éclat.

Dans l’imaginaire collectif, le musulman d’aujourd’hui est un fauteur de guerre, de trouble, un corps étranger à la nation (comme l’étaient les juifs et les communistes des années 30).

Depuis plusieurs années, la succession des débats sur les « racines chrétiennes » de l’Europe, la théorie du Grand Remplacement, la rédaction avortée d’une Constitution commune à l’UE ou la sauvegarde de l’identité nationale n’ont fait qu’aggraver ce que Raphaël Lioger appelle « la blessure narcissique du monde européen, plus cruellement ressentie dans cette France qui a construit le mythe de sa propre exception et de son universalité ». Dès lors, l’angoisse de « l’islamisation, c’est la mise en scène morbide de l’extinction de la culture européenne qui alimente un nouveau populisme qui n’est plus ni de droite ni de gauche ». La chute de Rome fut la conséquence des invasions barbares, celle de l’Occident, si l’on n’y prend garde, surviendra à cause des musulmans. Depuis les Croisades, rien n’aura changé, malgré treize siècles de présences communes sur le sol de France.

Résultat, l’obsession sécuritaire se mue en obsession identitaire, les dérapages se multiplient à l’heure ou sécurité et identité deviennent les premières préoccupations des élites politico-médiatiques. Terrorisme, communautarisme, antisémitisme, sexisme : tout semble concourir à mettre en accusation une « communauté musulmane » qu’on dit rongée de l’intérieur par un islamisme dont on peine à cerner les contours. Et l’écho médiatique achève d’attiser cette grande angoisse collective ; hebdomadaires et chaînes de télévision multiplient gros titres et émissions du type : « faut-il avoir peur de l’Islam ? », « L’Islam sans-gêne », ou « l’Islam est-il compatible avec la République ? » La machine médiatique s’emballe, le Front national surfe sur la vague, les politiques font dans la surenchère.

Le FN, grand gagnant des régionales ? 

Au final, le Front national n’a plus grand mal à recueillir les fruits de ce climat de haine, en recourant à son tour à un vocabulaire hérité des années sombres de la guerre pour qualifier la présence musulmane en France : « Il y a quinze ans, on a eu le voile, il y avait de plus en plus de voiles. Puis il y a eu la burqua, il y a eu de plus en plus de burquas. Et puis, il y a eu des prières sur la voie publique… Maintenant, il y a dix ou quinze endroits où, de manière régulière, un certain nombre de personnes viennent pour accaparer les territoires. » Et à la présidente du Front national d’enfoncer le clou : « Un certain nombre de territoires, de plus en plus nombreux, sont soumis à des lois religieuses qui se substituent aux lois de la République. Oui, il y a occupation et il y a occupation illégale. »

Tout profite à l’extrême droite française : une économie en panne, un chômage dont la courbe s’envole au lieu de s’inverser, la hantise du déclassement et de la précarité ; une protection sociale et des services publics menacés, un « projet européen » aussi savoureux qu’une gorgée d’huile de ricin, une vague migratoire que gonfle le chaos de plusieurs États arabes, des attentats de masse dont les auteurs se réclament de l’Islam… sans oublier, depuis près de trente ans, un Parti socialiste qui partage avec la droite à la fois la responsabilité de politiques néolibérales désormais cadenassées par les traités européens et le projet de se maintenir indéfiniment au pouvoir (ou, pour la droite, d’y revenir) en se présentant, élection après élection, comme le barrage ultime contre le Front national. Bilan : aucune force politique n’affiche autant d’entrain et de cohésion que l’extrême droite, aucune ne communique aussi efficacement le sentiment qu’elle connaît le chemin à suivre et que l’avenir lui appartient. Aucune n’ébauche non plus contre elle la moindre stratégie de reconquête.

Tandis qu’en Espagne l’exaspération née des choix économiques imposées par l’Union européenne vient de propulser plusieurs nouvelles formations politiques sur le devant de la scène, en France, c’est le Front national qui tire parti du mécontentement populaire. Désormais, ses idées inspirent presque tous ses adversaires. Et, paradoxalement, sa puissance les sert…

L’important n’est pas seulement que les candidats d’extrême droite sont arrivés en tête dans 6 régions sur 13 et dans 46 des 96 départements métropolitains à l’issue du premier tour des élections régionales, le 6 décembre 2015. C’est aussi qu’ils ont amélioré presque partout leurs scores une semaine plus tard, y compris quand ils n’avaient aucune chance de remporter la présidence d’une région. Autant dire que, désormais, pour un électeur frontiste, le vote utile, c’est le vote FN, et que ce parti, loin d’être une force supplétive absorbable par la droite, commence à braconner avec succès sur ses terres.

La détermination des électeurs d’extrême droite est d’autant plus significative que le mode se scrutin et le système d’alliances pénalisent lourdement leur parti. Premier en termes de suffrages à l’issue de ces régionales (c’était déjà le cas lors des scrutins européen de mai 2014 et départemental de mars 2015), celui-ci ne préside pas un seul conseil général. Et il n’est représenté que par 2 députés sur 577, 2 sénateurs sur 348. Cette anomalie démocratique lui permet de continuer à se poser en victime d’une « classe politique » largement détestée, qu’il vitupère avec la sincérité de ceux qui en sont écartés.

Sur le terrain des idées, en revanche, il domine la scène. La chose lui est d’autant plus facile que ses adversaires intellectuels, encombrés de tristesse, de défaites, de scissions et de divisions, trouvent trop souvent confort et réconfort dans le radicalisme de papier des enclos universitaires. Les grands médias ne lui compliquent pas non plus la tâche quand ils alternent un dossier sur « l’islam sans gêne » et un autre sur les penseurs réactionnaires.

Traditionnellement, la victoire d’une majorité de gauche coïncidait avec une radicalisation de la droite, laquelle se sentait dépossédée d’un bien – le pouvoir – qu’elle estimait lui appartenir. Dans le cas de François Hollande, l’hostilité qu’il suscite dans les cercles des conservateurs est plus déconcertante, car on voit mal en quoi ses politiques se distinguent des leurs, exception faite du « mariage pour tous », contre lequel ils se sont en effet mobilisés il y a trois ans, mais sur lequel chacun sait qu’ils ne reviendront pas…

Le volet des élections régionales étant clos, qu’en sera-t-il des élections à venir ? D’autant que les futurs candidats sont quasiment tous déjà en campagne pour la présidentielle et les législatives de 2017...

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Bibliographie :

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BLANCHARD Pascal, YADI Naima, GASTAUT Yvan, BANCEL Nicolas (dir.) : La France arabo-orientale, treize siècles de présence, La Découverte, 2014

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DELTOMBE Thomas : L’Islam imaginaire : la construction médiatique de l’islamophobie en France (1975 – 2005), La Découverte, 2005

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LIOGIER Raphaël : Le mythe de l’islamisation, essai sur une obssession collective, Seuil, 2012

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