Multinationales : les batailles de l’information

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Ejolt, un projet pour « cartographier la justice environnementale »

Enfin un outil pour recenser les luttes écologiques et les espaces de résistances ! Ejolt, un réseau d’organisations, d’universités et de laboratoires de recherche sur la justice environnementale, a créé un « Atlas mondial » de la justice environnementale qui détaille plus de 1700 conflits environnementaux. Via cette cartographie interactive et participative, il est possible en un clic d’avoir un aperçu à l’échelle mondiale des conflits relatifs à l’énergie nucléaire, à l’eau, à la fracturation hydraulique, au foncier, à la biodiversité, aux hydrocarbures ou à la gestion des déchets. Une recherche sur les méga-projets peut être effectuée par pays, entreprise, produit (huile de palme, gaz naturel, uranium…) ou type de conflits (accès à la terre, déforestation, etc.).

Le projet Ejolt (pour « Environmental Justice Organisations, Liabilities and Trade »), financé par l’Union européenne, rassemble plus de 100 personnes issues de 23 universités et organismes de justice environnementale dans 18 pays, ainsi que des dizaines de collaborateurs indépendants. Pour le professeur Joan Martinez Alier, de l’Université autonome de Barcelone, qui a coordonné le projet, « cet Atlas montre comment les conflits écologiques se multiplient partout dans le monde, alimentés par des demandes matérielles issues principalement des classes riches et moyennes de la population mondiale ». Au total, plus de 2 000 entreprises et institutions financières sont impliquées dans ces projets controversés.

« Cette carte met en évidence des tendances inquiétantes, comme le fait que 80 % des cas étudiés entraînent une perte de moyens de subsistance », relève le réseau Ejolt dans un communiqué. De nombreux cas de répression politique et de persécution des militants sont aussi recensés. Cette base de données dresse également un éventail des batailles juridiques remportées et de projets annulés. « En ce sens, il est aussi un outil inspirant, précisent les membres du réseau. 17 % des cas recensés sont considérés comme des victoires en matière de justice environnementale ».

L’outil cartographique permet également de réaliser des cartes spécifiques par thèmes ou par multinationales, comme dernièrement la « carte des atrocités de Chevron dans le monde » [1], à l’occasion de la 3e journée mondiale anti-Chevron.

La production d’Ejolt ne se limite pas à cet atlas. Sur la base des informations compilées, les chercheurs et militants impliqués dans le projet s’attachent à mettre en lumière, via des rapports ou des publications scientifiques, les impacts environnementaux, sociaux ou sanitaires des activités des multinationales, ainsi que les différents langages d’évaluation de ces impacts sur lesquels fonder des réparations légales aux communautés affectées ou calculer des « dettes écologiques ». Ejolt produit également des guides pratiques à destination des communautés et des collectifs qui voudraient engager des procédures judiciaires et maintient un centre de ressources en ligne à destination des organisations défendant la justice environnementale.