Zimbabwe : Quel bilan après trente ans d’indépendance ?

Economie : un fort potentiel mal exploité

, par CRIDEV

L’économie du Zimbabwe est très diversifiée : le tabac est le premier produit d’exportation (le Zimbabwe est le troisième producteur mondial), suivi des céréales (premier producteur d’Afrique Australe), du coton, des métaux et des minéraux (or, platine, chrome, nickel) puis des produits manufacturés (textile, acier).

Le tourisme est également très développé : jusqu’au début des années 2000, le Zimbabwe est la troisième destination des touristes européens en Afrique sub-saharienne.

Dès 1989, le gouvernement met en place un plan d’ajustement structurel dans le cadre d’une libéralisation de l’économie : élimination du contrôle sur les prix et les salaires, dévaluation de la monnaie pour augmenter les exportations, libéralisation du commerce extérieur, restrictions des dépenses publiques. Dès la fin des années 90, l’économie montre des signes d’essoufflement : la croissance chute à 1% et le déficit budgétaire atteint 168 millions de dollars en 1999.

Les sanctions internationales dont la suspension de l’aide financière du FMI, face aux expropriations de fermiers blancs et la participation à la guerre de la RDC (République Démocratique du Congo) qui a coûté cher au Zimbabwe, aggravent la lourde crise économique. Conséquence de la réforme agraire, la chute de la production agricole entraîne la flambée des denrées alimentaires de base (la production de tabac est passée de 237 millions de kg en 2000 à 50 millions en 2006 et celle du maïs de 2,4 millions de tonnes en 2000 à 0,5 millions en 2004).

Le tourisme zimbabwéen s’est également effondré : de 400 millions de dollars et 1,4 millions de visiteurs en 2000, les revenus baissent à 29,1 millions de dollars et 220 000 touristes en 2008. Malgré un haut potentiel hydroélectrique, le pays, en proie à de nombreuses coupures paralysant l’activité du pays, doit importer de l’électricité.

En 2010, le taux de chômage atteint 80%, soit 8 zimbabwéens sur 10 en âge de travailler. Le PIB par habitant est divisé par 3 entre 1990 (900 dollars) et 2009 (300 dollars), l’inflation dépasse les 100 000% ; on estime à deux millions, le nombre de zimbabwéens ayant fui vers l’Afrique du Sud.

La présence de gisements de diamants à Marange à l’Est du Zimbabwe, dont les exportations auraient rapporté un milliard de dollars au premier semestre de 2010, profite exclusivement au pouvoir et garantit la prospérité du parti ZANU.
Dès février 2009, des signes encourageants pour l’économie zimbabwéenne se manifestent. En mars 2009, l’opposition incarnée par Morgan Tsvangirai parvient à supprimer le dollar zimbabwéen (300 000 dollars zimbabwéens s’échangeaient contre un dollar américain à la Banque Centrale en 2008) et à intégrer le dollar américain et le rand sud-africain. Le premier ministre bénéficie de la confiance des Etats Unis et de l’Union Européenne, qui pourraient lever leurs sanctions contre le gouvernement. En outre, le gouvernement de coalition nourrit l’espoir d’un retour des investisseurs et des touristes européens qui avaient déserté le pays, de peur d’un sentiment anti-blanc.