Le système de santé mondial à l’épreuve d’Ebola

Ebola révélateur de la situation sanitaire de milliards d’êtres humains

, par CIIP

L’épidémie d’Ebola a suscité dans la plupart des pays la crainte qu’elle ne se limite pas au continent africain mais devienne une pandémie qui se répandrait sur le monde entier. Pourtant d’autres épidémies et endémies continuent à faire des dégâts dans certaines populations sans que l’opinion internationale ne s’alarme.

Ainsi pour le paludisme en 2015, selon l’OMS [1], le nombre de malades enregistrés est d’environ 214 millions de cas et le nombre de décès dus à cette maladie se situe autour de 438 000. Le nombre de décès a chuté de 47% depuis 2000 suite à une campagne mondiale dirigée par l’OMS et qui a réuni dans un même objectif les efforts des gouvernements nationaux, de la communauté internationale et de la société civile dans chacun des pays concernés.

Le choléra, identifié en Inde au 19e siècle, s’est propagé progressivement dans le monde entier et sévit toujours de façon endémique. Il constitue un indicateur clef du manque de développement social.
Selon les estimations, il y a chaque année 1,4 à 4,3 millions de cas de choléra, avec 28 000 à 142 000 décès [2].

La tuberculose est encore présente dans 202 pays : en 2014, 9,6 millions de personnes ont développé la tuberculose et 1,5 million en sont mortes selon les chiffres de l’OMS [3]. Cette maladie est la principale maladie mortelle pour les personnes vivant avec le VIH. Il est donc absolument nécessaire qu’une veille s’établisse.

Quant au sida, qui reste l’un des principaux problèmes de santé publique dans le monde, particulièrement dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, il a causé le décès de plus de 34 millions de personnes à ce jour. En 2014, entre 980 000 et 1,6 million de personnes sont décédées d’une cause liée au VIH dans le monde [4].

Mais après l’épidémie du sida, comme avant, des personnes mourront en bien plus grand nombre de maladies qu’on pourrait aisément guérir parce que ce sont des populations mal nourries, vivant dans des conditions d’habitat et d’hygiène déplorables, ou condamnées à des travaux pénibles, souvent dangereux et très mal rémunérés.

L’Afrique n’est pas le seul continent où la pauvreté continue à mettre la planète en danger. Les peuples les plus pauvres représentent 20% de la population mondiale et disposent de moins de 2% des revenus mondiaux. L’Amérique latine est la région qui a les disparités les plus grandes en matière de revenus. Les systèmes sanitaires les plus déficients sont à Haïti, au Guatemala, en Bolivie, au Venezuela et au Honduras. A Haïti, la situation est alarmante pour l’accès à l’eau potable. La mortalité infantile et maternelle est importante. Au Nicaragua, le taux de médecins par habitant est très bas. Au Venezuela, des inégalités importantes existent à l’intérieur du pays et une part infime du budget national est consacrée à la santé.

Le problème dans ces pays comme en Asie ou en Inde est l’accès à l’eau potable qui n’arrive pas dans les quartiers périurbains. Dans les bidonvilles où l’habitat précaire, informel, est construit à flan de colline, dans des zones inondables et des lieux difficiles d’accès, dépourvus de services publics, la santé ne peut-être que précaire. La tuberculose en Asie-Pacifique tue chaque année des milliers de personnes. 57 millions de personnes y vivent dans les bidonvilles.

À ceci s’ajoutent les inondations (Bangladesh) les cyclones (Philippines). Le continent asiatique est le premier pour les décès liés aux catastrophes naturelles. En Asie et en Inde l’industrialisation mal contrôlée est responsable de malformations, et de maladies professionnelles : cours d’eau contaminés par des rejets de métaux lourds, nuages toxiques comme à Bhopal [5], ateliers mal construits qui s’effondrent, etc.

L’ONU déclare en septembre 2014 que 2 millions d’enfants meurent chaque année de problèmes respiratoires, sanguins ou dermatologiques. À cela s’ajoute l’ensemble des pathologies liées au mode de vie et aux conséquences du développement technique ; l’augmentation rapide de la mortalité routière en est un exemple.

L’état de santé des populations contribue à l’activité économique d’un pays. La misère socio économique oblige les personnes à réduire leurs dépenses en nourriture, santé et éducation.
Les pauvres sont-ils en mauvaise santé parce qu’ils sont pauvres ou sont-ils pauvres parce qu’ils sont en mauvaise santé ?
Des pays comme le Viêt-Nam ou le Cambodge essayent de sortir de ce cercle vicieux. La tâche sera longue.