L’engagement des femmes

Dynamisme économique au féminin

, par CIIP

Les femmes, en ville comme à la campagne, doivent souvent assumer une double ou triple journée de travail : outre les activités familiales et de subsistance, elles fournissent un travail formel et/ou informel. Cette contribution économique des femmes est généralement ignorée par l’économie dominante dans la mesure où elle n’entre pas dans la sphère marchande.
Les femmes sont pourtant de plus en plus présentes dans l’économie monétaire du fait à la fois des besoins croissants pour assurer la survie des ménages et de la demande de main d’oeuvre féminine dans les secteurs tertiaires et la sous-traitance. Même si leurs qualités professionnelles de précision et d’adresse sont appréciées, leurs salaires restent largement inférieurs à ceux des hommes, les risques de mise au chômage plus élevés et les conditions de travail souvent très dures (ex. les "maquilas" [1] au Guatemala et au Mexique) Elles occupent également des professions dévalorisées (domestiques, petites mains...) et sont souvent victimes d’abus sexuels.

Mais des groupements d’entraide naissent, d’abord à l’échelle du quartier, du village puis au-delà, aux niveaux régional et national : organisations paysannes et organisations de travailleuses.
Des femmes s’associent pour créer des cantines populaires, des coopératives pour valoriser les produits locaux et répartir les charges de travail. Elles revendiquent leurs droits fonciers, des terrains pour cultiver collectivement et négocier ainsi l’accès aux crédits et l’obtention d’équipements de transformation agricole (ex. des moulins villageois, des presses à huile de palme...).

Elles peuvent jouer un rôle dans la sauvegarde de l’environnement et la protection de la biodiversité par la transmission de leur savoir-faire traditionnel (manière de cultiver les sols, de conserver les semences de variétés locales, culture de plantes médicinales).
Par leur savoir-faire artisanal, c’est aussi tout un patrimoine culturel qui se transmet.

Comme les syndicats traditionnels ne tiennent pas suffisamment compte des problèmes spécifiques des femmes, des branches féminines se sont constituées et celles-ci s’attachent non seulement à l’emploi, aux salaires et conditions de travail mais au rôle que les femmes peuvent jouer au niveau social, culturel et politique. A titre d’exemple, en 2004 au Maroc, les syndicats de femmes dans le textile ont lancé une longue grève pour les augmentations de salaire et contre le harcèlement sexuel et ont exigé des hommes qu’ils les soutiennent et qu’ils assurent une relève auprès des enfants pendant qu’elles occupaient l’usine ou manifestaient.

Les femmes deviennent ainsi actrices du développement de leur communauté. Leur engagement solidaire leur confère davantage de confiance en elles (empowerment) et d’autonomie, ce qui leur permet de peser sur les décisions tant au plan familial que social.
Certaines d’entre elles accèdent à un niveau de formation technique et intellectuelle qui mène à une meilleure reconnaissance de leur spécificité et fera bouger les structures traditionnelles. Par là aussi sont inculquées des valeurs solidaires dans l’économie mondialisée.

Notes

[1Maquila ou maquiladora : Ce terme désigne une usine qui bénéficie d’une exonération des droits de douane pour pouvoir produire à un moindre coût des marchandises assemblées, transformées, réparées ou élaborées à partir de composants importés ; la majeure partie de ces marchandises est ensuite exportée.