Deux idées reçues sur le partenariat

, par Agenda de la Solidarité Internationale

« La pierre n’a point d’espoir d’être autre chose qu’une pierre. Mais, de collaborer, elle s’assemble et devient temple. » Antoine de Saint-Exupéry, Citadelle (1948)

Aux côtés de femmes paysannes, Rwanda 2011
Photo : © Frères des Hommes

« Les relations entre les organisations du Nord et du Sud sont forcément inégalitaires »

Le partenariat apparaît dans les années 60 comme une alternative à l’assistanat. C’est effectivement un changement radical dans la logique d’intervention des organisations du Nord au Sud. Accompagner le changement social en respectant l’autodétermination des populations devient prioritaire.

Pourtant, le partenariat n’est pas cantonné à la relation Nord-Sud. Au Sud, la structuration des organisations de société civile et des mouvements sociaux a pris de l’ampleur. Le partenariat se veut avant tout un échange de savoir-faire et de savoir-être qui se base sur le partage de valeurs et d’opinions. Cet engagement collectif soude les acteurs de la société civile, qui s’organisent pour déterminer leurs propres réponses aux injustices sociales, économiques et politiques.
La question du déséquilibre entre les membres d’un partenariat est souvent posée comme une limite à celui-ci. Le partenariat servirait avant toute autre chose celui qui a le plus de pouvoir de part sa taille, sa richesse ou sa force de frappe politique. Ici encore, le schéma de la suprématie du Nord sur le Sud n’est pas vérifié dans les faits. Les mouvements sociaux du Sud, comme le Mouvement des Sans-terre au Brésil, qui ont une véritable assise sociale et sont impulsés par la population, sont bien plus efficaces que beaucoup d’organisations du Nord en terme de changement social véritable.

Par ailleurs, au sein d’un partenariat le déséquilibre, s’il existe, n’est pas forcément un obstacle aux dynamiques solidaires. Source de mouvement et de diversité, ce déséquilibre s’il est mis au service du collectif, forge la relation de complémentarité et de réciprocité si caractéristique au partenariat.

« En matière de coopération internationale, l’argent a toujours le dernier mot »

Qu’est ce que l’argent, si ce n’est un instrument permettant de produire et d’échanger, de distribuer les richesses et de partager des valeurs ? Pour des organisations de la société civile qui coopèrent, le financement d’actions communes est un moyen sûr de concrétiser des initiatives ou de répondre à un besoin donné. Ce financement peut être d’autant plus vital que les dynamiques de solidarité doivent s’inscrire sur une durée suffisamment longue pour garantir le changement social.
En termes de coopération, il peut exister des dérives de supériorité de celui qui détient l’argent sur celui qui en bénéficie. Par exemple, certaines organisations de la société civile, pour exercer leur activité, dépendent de subventions octroyées par des bailleurs de fonds. Ces derniers obéissent à des intérêts institutionnels, étatiques ou supra-étatiques qui parfois, mettent à mal les dynamiques de solidarité.

La démarche partenariale incorpore néanmoins, dans la plupart des cas, une dimension politique axée sur la participation citoyenne et l’autonomie des partenaires. C’est notamment le cas de la Via Campesina, un réseau de petits producteurs agricoles, membres d’organisations rurales, qui rassemble plus de 200 millions d’individus à travers le monde.
Ce mouvement, profondément ancré au sein des populations, dispose d’une marge d’action et de mobilisation décentralisée et localisée, mais aussi d’une aptitude à développer un plaidoyer à échelles nationales et internationales. C’est précisément cette capacité des organisations de la société civile à se structurer politiquement qui leur permet de lever des fonds. A leur tour, ces contributions permettent de pérenniser leurs actions.

Au vues de l’émergence de tels leaderships au sein des sociétés civiles, il apparait évident que le partenariat prévient la domination de l’argent sur les valeurs de solidarité. Dans la lutte pour la justice sociale et la démocratie, la force collective impulsée par le partenariat a bien souvent le dernier mot, l’emportant sur les problématiques financières.

Que peut-on faire ?

 S’informer pour mieux comprendre les relations Nord/Sud
www.infosud.org
www.altermondes.org
www.irinnews.org/fr
www.alternatives-internationales.fr/

 Adhérer ou militer aux côtés des ONG avec une démarche partenariale
www.fdh.org
www.ccfd-terresolidaire.org
www.aide-et-action.org
www.avsf.org
www.solidarite.asso.fr

 Devenir bénévole, faire un stage, faire un volontariat, auprès d’une organisation à l’étranger
www.la-guilde.org
www.france-volontaires.org
www.francebenevolat.org
www.clong-volontariat.org
www.scd.asso.fr

 Sensibiliser autour de vous sur cette pratique