Deux idées reçues sur le commerce équitable

, par Agenda de la Solidarité Internationale

« Les trois moments clés de l’activité économique : production, distribution et consommation, doivent pouvoir être vécus comme des moments d’expression solidaire, pour les hommes et les femmes qui peuvent ainsi choisir de travailler et consommer autrement. »
ATTAC, Commerce équitable — Produire, vendre et consommer autrement, 2009

Idée reçue n°1 : Les produits du commerce équitable et biologiques sont trop chers pour être accessibles à tout le monde

Plusieurs études comparatives ont montré que les produits équitables et biologiques, lorsqu’ils sont comparés à des articles de qualité identique, coûtent le même prix que des produits conventionnels. Il est donc important de comparer ce qui est comparable.

Bien entendu, la différence de prix est avérée avec un produit discount. Mais est-ce le produit équitable qui est trop cher ou le premier prix qui ne l’est pas assez ?

Association N’Dem, au Sénégal, qui fait de l’artisanat équitable. © David Erhart

Le prix d’un produit labellisé équitable et bio intègre des coûts spécifiques :

  • La juste rémunération des producteurs
  • Une main d’œuvre supplémentaire liée aux techniques de production agroécologiques (désherbage mécanique, fabrication et épandage du compost, plus grande diversité des cultures, etc.)
  • L’utilisation d’engrais organiques plus onéreux que les intrants chimiques
  • Un travail de certification pour garantir le respect des normes sociales et environnementales.

Un produit discount n’inclut pas ces charges. De plus, son prix ne prend pas en compte les coûts cachés, notamment les dépenses de santé qui ne cessent de croître en raison du développement de maladies en partie liées à notre alimentation industrielle et déséquilibrée.

Consommer biologique et équitable, c’est donc favoriser la préservation de la biodiversité, de la santé et de la justice sociale. A l’échelle d’une société, cela permet de réaliser des économies notoires. Des solutions existent pour consommer de façon responsable tout en maîtrisant son budget : acheter via des circuits courts, consommer moins de plats préparés, réapprendre à cuisiner, réduire le gaspillage alimentaire…
Cela relève avant tout d’un arbitrage, d’un choix de consommation pour qu’un jour, le bio et l’équitable deviennent la norme et non pas l’exception.

Idée reçue n°2 : Le commerce équitable maintient les producteurs dans des cultures d’exportation au détriment de l’agriculture vivrière

Ce qui guide le commerce équitable avant tout, c’est le principe de la recherche d’autonomie pour les producteurs. Autonomie financière et autonomie politique, l’un étant indissociable de l’autre.
Le commerce équitable tente donc de renforcer les revenus des paysans afin de leur permettre de faire des choix individuels et collectifs dans leur propre intérêt. Il permet aux producteurs de dégager un revenu décent de cette production ; contrairement aux cultures d’exportations des filières de l’agrobusiness, dominées par des acteurs monopolistiques, qui exigent de produire toujours plus à un prix toujours plus bas.

Renforcés par ce revenu juste, les producteurs peuvent ainsi maintenir parallèlement une agriculture vivrière, appuyés en cela par leurs organisations et par l’éthique des acteurs de la filière guidés par le principe de souveraineté alimentaire. Car les filières équitables ne soutiennent pas des individus mais des organisations de producteurs, favorisant ainsi l’entrepreneuriat collectif, l’autonomie et la professionnalisation. Il en résulte une diversification naturelle et salutaire des débouchés et des activités : agriculture vivrière, filières de commercialisation Sud/Sud, tourisme solidaire, etc.
Autre dynamique intéressante : renforcées économiquement et humainement par les partenariats équitables, les organisations sont aujourd’hui en mesure de pousser la transformation et donc la valorisation des productions en amont. Exemple : le cacao bolivien est aujourd’hui transformé sur place (pâte et beurre pour l’exportation) et vendu sur le marché local (tablettes de chocolat). Riz, céréales, quinoa, épices, confitures, jus, sucre et évidemment, artisanat : tous ces produits sont aujourd’hui transformés, conditionnés sur place et vendus de plus en plus dans des points de vente locaux.

Que peut-on faire ?