Deux idées reçues sur la solidarité internationale

, par Agenda de la Solidarité Internationale

« La main de celui qui donne est toujours au dessus de celle qui reçoit. »
Proverbe africain

Idée reçue 1 : La solidarité internationale n’intéresse pas du tout les jeunes

Manifestation des Indignés, Bruxelles, 2011. Photo et effets : Guy Masavi cc by-sa

On entend souvent dire que les jeunes ne votent pas, ne s’investissent ni syndicalement ni politiquement, en un mot, qu’ils sont désabusés et ont perdu le sens de l’engagement. Pourtant, l’image de jeunes enthousiastes prêts à participer à des chantiers à l’étranger vient également à l’esprit lorsqu’on parle de solidarité internationale.
Ces deux clichés renvoient à une réalité complexe : celle d’une génération tendue entre un désir d’engagement et une envie d’épanouissement individuel ; une jeunesse qui souffre particulièrement de la crise socio-économique et qui a le sentiment d’appartenir à un monde globalisé sur lequel elle n’a aucun impact.

Cette tension entraîne une redéfinition de l’engagement solidaire, habituellement centré sur une cause particulière et basé sur une temporalité longue. Aujourd’hui, si France Bénévolat et le CERPHI1 soulignent une permanence des valeurs d’entraide pour une partie de la jeunesse (65 % sont prêts à « aider les autres » et 1 bénévole sur 4 a moins de 35 ans) il semble que l’expression de la solidarité a évolué, passant d’une logique caritative à une revalorisation de l’intérêt partagé. Différents facteurs (nouveaux modes de vie, précarité, valeurs individualistes) peuvent expliquer le lien entre sollicitude et souci de soi. Par exemple, le volontariat international est un engagement qui répond au désir de se rendre utile aux autres ; mais, en même temps, il permet au volontaire, souvent sur-diplômé, de valider une première expérience professionnelle dans un marché de l’emploi saturé. La logique de l’intérêt partagé se retrouve aussi dans les modes de vie : se soucier de sa santé ou de son avenir peut se conjuguer avec des choix plus responsables, équitables et soucieux de justice sociale, notamment lorsqu’il s’agit de sa consommation.
L’engagement des nouvelles générations semble plus ponctuel que celui des générations passées mais le désir d’aider reste intact et ne demande qu’à être pris en compte par les associations.

Idée reçue 2 : « Le don permet la redistribution des richesses »

Face aux désordres du monde et aux inégalités de plus en plus criantes, donner devient un réflexe évident dans l’imaginaire collectif et peut-être une manière de se donner bonne conscience... Malgré les meilleures intentions du monde, la pratique du don peut pourtant nuire aux populations que l’on souhaite aider ainsi qu’à leur environnement. Surtout quand le don se fait dans la précipitation, sans avoir réfléchi aux besoins précis des bénéficiaires.
Un exemple : l’aide alimentaire doit rester exceptionnelle et encadrée, pour ne pas être détournée sur place et pour ne pas détruire les marchés alimentaires locaux. Trop souvent, l’envoi et la distribution d’aliments, s’est avérée inefficace car elle a été détournée sur place et a coûté plus cher qu’une aide financière directe. Pour faire reculer la faim dans le monde, d’autres formes d’action s’avèrent plus pertinentes, notamment le soutien aux agricultures paysannes locales et le développement d’activités productives de revenus.

Quant aux dons de vêtements, ils peuvent aussi avoir des effets nocifs sur les productions locales : les couturières africaines qui s’activent pour fabriquer des vêtements bon marché, se plaignent de voir arriver des vêtements usagés, venus de l’étranger, qui leur font concurrence et alimentent une fripe bas de gamme.

Le don de livres doit aussi être envisagé avec beaucoup de discernement, en fonction du contexte local et en concertation avec les bénéficiaires, pour ne pas nuire aux activités d’édition et de diffusion qui se développent dans de nombreuses villes du Sud.

Certains dons peuvent enfin s’avérer inadaptés et encombrants : ce peut être le cas des ordinateurs et du matériel technologique, pas toujours utilisables sur place, notamment si le matériel envoyé n’est pas en bon état, s’il n’y a personne pour l’entretenir, si les pièces détachées sont introuvables, s’il n’y a pas d’électricité dans le village ou de connexion internet… Bien souvent, ce matériel finira par être abandonné, posant un vrai problème de recyclage, de toxicité et même de santé publique.

Il existe bien d’autres façons plus efficaces d’apporter sa contribution à la redistribution des richesses, comme soutenir des associations ou des groupes de citoyens qui s’organisent pour créer des activités, lutter contre la pauvreté, ou encore acheter des produits issus du commerce équitable qui rémunèrent de façon juste les producteurs.

Que peut-on faire ?

Devenir volontaire ou bénévole dans des organisations de solidarité internationale

Soutenir des associations de solidarité internationale

Participer à des campagnes et des pétitions pour la solidarité internationale