Des « indignés » à la chinoise

Par Martine Bulard

, par CETRI

« On ne sait pas où on va. » C’est la phrase la plus souvent entendue à Pékin. De la part de jeunes comme de personnes âgées. Des contestataires les plus virulents comme des fonctionnaires les plus convaincus. Le temps des certitudes vers une progression sans fin semble marquer le pas. Le gouvernement a précisé que la croissance se situerait entre 8 et 9 % cette année, loin du résultat à deux chiffres de ces dernières décennies.

La préparation du XVIIIe congrès du Parti communiste chinois (PCC), qui se tiendra en octobre 2012, a plutôt tendance à geler toute initiative et à obscurcir le paysage. « Même moi qui suis membre du Parti, m’expliquait un cadre moyen d’un organisme officiel qui tient à garder l’anonymat, je suis au regret d’avouer que je ne sais pas ce qui se passe. » Notre homme, qui n’a rien d’un dissident, est naturellement navré du constat. Rien ne filtre de la cité rouge.

Les mouvements sociaux sont là – et ceci explique peut-être cela. Les grèves, qui n’ont jamais vraiment cessé depuis le grand mouvement de juillet 2010, ont repris avec vigueur dans la région de Shenzhen et de Canton, traditionnellement exportatrice. La crise occidentale se traduit par une baisse des exportations que les directions d’entreprise répercutent sur les salaires. Ainsi, dans l’usine de chaussures Yucheng, dont le groupe travaille pour des grandes marques comme Nike ou Adidas, le paiement des heures supplémentaires a été supprimé, et les salaires sont passés de 1 800-1 900 yuans à 1 100 yuans [1].

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