Le secteur agricole est à la fois très vulnérable aux modifications du climat et un contributeur net à hauteur de 13,5% aux émissions de gaz à effet de serre mondiales. En effet, l’agriculture est responsable de l’essentiel des émissions pour les gaz à effet de serre (GES) autres que le CO2 : méthane et protoxyde d’azote.
Le fait de manger pèse particulièrement lourd dans les émissions de GES des pays du Nord : de nombreux déplacements, une consommation excessive de protéines animales, des produits transformés, jetés encore emballés… tous ces facteurs conduisent à accroître l’empreinte alimentaire des consommateurs au Nord alors même qu’ils pourraient être évités, et que dans le même temps, près d’un milliard de femmes et d’hommes souffrent de la faim sur la planète.
En outre, la déforestation dans les pays tropicaux est responsable d’environ 18% des émissions mondiales de GES.
Or, la déforestation est principalement causée par la conversion des forêts en terres agricoles, pour mettre en place de très grandes exploitations de monocultures orientées vers l’exportation, notamment pour l’alimentation animale – soja - ou pour la production d’agro-carburants – palmiers à huile, canne à sucre… L’augmentation de la demande des pays occidentaux en produits alimentaires ne fait qu’accroître ce phénomène.
Les changements climatiques ainsi provoqués ont par ailleurs un impact sur les rendements agricoles, très dépendants des conditions climatiques. Contrairement à une idée reçue, les impacts négatifs seront plus nombreux que les bénéfices. Les principales cultures céréalières mondiales (blé, riz et maïs) connaîtront des baisses de production dans les régions tropicales et tempérées si la température moyenne augmente de plus de 2°C, augmentant mécaniquement le prix de ces denrées et mettant encore un peu plus en péril la souveraineté alimentaire des pays du Sud...
La lutte contre les émissions de GES agricoles ne doit pas servir de caution à un modèle agricole basé sur l’intensification, les cultures d’exportation destinées aux marchés mondiaux, et l’utilisation de bio-technologies : au contraire elle exige une réflexion structurelle sur les modèles de production qui peuvent à la fois être sobres en carbone et jouer un rôle clef dans la sécurité alimentaire. Car des pistes existent : optimisation de l’usage des engrais azotés, méthanisation pour gérer les déchets en produisant de l’énergie, développement des techniques culturales simplifiées et de l’agriculture biologique ou encore de l’agro-écologie... Mais aussi évolution des habitudes alimentaires, en privilégiant les productions locales, de saison, et les protéines végétales aux protéines animales.