Tchad : un peuple éprouvé qui cherche à s’émanciper

Des difficultés liées à l’environnement international

, par CIIP

Le Tchad a été la cible de conflits armés avec ses pays voisins du nord (Libye) et de l’est (Soudan) qui ont démontré combien la survie de son régime dépendait étroitement du soutien militaire de la France. Mais, sur ce terrain, il rencontre aussi d’autres difficultés.

L’impact des tensions géopolitiques en Afrique et au Moyen-Orient

Il faut souligner les conséquences pour le Tchad des conflits qui mettent aux prises au Moyen-Orient quelques acteurs majeurs de la géopolitique internationale (États-Unis, Russie, France notamment), les grands États de cette région (Arabie saoudite, Égypte, Turquie, Qatar), ainsi que les principaux pays dont les populations sont victimes de ces conflits (Syrie, Irak, Libye, Yémen). Depuis l’agression des États-Unis contre l’Irak en 2003 et les guerres qui ont suivi, on a vu se développer, avec le soutien de certains États de la région, des mouvements religieux sectaires criminels par leurs modes d’action (assassinats et attentats envers les populations civiles). Les pays du Sahel et subsahariens ont été touchés par ces réseaux criminels comme le Nigeria avec Boko Haram, le Mali avec le groupe EIGS (État islamique dans le Grand Sahara), etc. Le Tchad est ainsi devenu une cible de Boko Haram qui commet de fréquentes agressions armées notamment dans la région du lac Tchad. Et, au-delà de l’action de ces groupes jihadistes à travers les territoires du Sahel, un autre débordement des conflits du Moyen-Orient se manifeste puisqu’on voit certains États arabes aider des rebelles tchadiens hostiles au président Idriss Déby, tandis que d’autres le soutiennent militairement [1].

Difficultés du commerce extérieur

La première exportation du pays n’est pas d’origine agricole puisqu’il s’agit du pétrole, l’or a également une place commerciale importante. Ensuite, selon les périodes et les évaluations, viennent le coton et le bétail, dont les volumes dépendent des conditions climatiques. Le coton est cultivé au sud, bénéficiaire de pluies suffisamment régulières, depuis l’époque coloniale française où il était le principal attrait économique du territoire pour la métropole. Paradoxalement les zones les plus arides fournissent aussi d’importantes exportations agricoles : il s’agit de bétails convoyés à pied dans les pays voisins, mais la menace terroriste perturbe fortement ce commerce, entraînant une perte importante de revenus. Le Tchad est le second producteur et exportateur de gomme arabique [2] qui contribue au revenu de nombreuses familles du Sahel. Par ailleurs sont cultivées diverses céréales (mil, sorgho, maïs, riz, sésame), sans oublier l’arachide, les pommes de terre, les oignons, le manioc et la canne à sucre. Ces cultures sont possibles grâce aux pluies ou à l’irrigation mais elles ne suffisent pas à alimenter la totalité de la population, rendant les importations nécessaires. Par exemple des denrées de base aussi essentielles que le sucre, la farine et les céréales sont assez largement importées. Les zones de sous-nutrition se situent dans la bande sahélienne, du fait de la sécheresse, et en partie dans la zone du lac, du fait des populations déplacées. Mais pour les citadin·es aussi se nourrir de façon satisfaisante est de plus en plus en plus aléatoire. L’insécurité alimentaire est une des conséquences de la baisse du prix du pétrole sur les revenus du pays et de la politique du gouvernement [3].

D’importants investissements par les entreprises étrangères

De grandes entreprises - françaises, mais aussi chinoises (la Chine est le premier fournisseur et troisième client du Tchad), égyptiennes ou autres - ont effectué des investissements au Tchad dans les secteurs stratégiques de l’économie (banques, pétrole, construction, infrastructures, transports). Mais les bénéfices réalisés par ces sociétés sont en majorité reversés aux actionnaires qui réinvestissent très peu dans le pays.