Le premier article sur l’Anthropocène se penche sur cette nouvelle étape de la civilisation industrielle où notre empreinte sur l’environnement est telle que ses impacts se font déjà ressentir : hausse de la température du globe, « sixième extinction » des espèces, acidification des océans... Loin d’être inéluctables, ces impacts sont déterminés par des choix politiques, économiques et idéologiques pris par une petite partie de l’espèce humaine.
Difficile aujourd’hui de nier frontalement le changement climatique et la contribution principale de l’activité humaine. Même les médias de masse sont moins tentés d’ouvrir leurs portes aux climatosceptiques aguerris comme Claude Allègre. Mais en évitant de prendre la mesure des changements à réaliser pour limiter le plus possible un réchauffement, d’autres formes de climatoscepticisme plus discrètes ou sournoises, conscientes ou inconscientes, apparaissent derrière un discours teinté en vert. Un sujet analysé dans le deuxième article de ce dossier, sur les nouveaux climatosceptiques.
Le troisième article se penche sur le rôle central joué par les multinationales sur le dérèglement climatique. Même s’il est indispensable de considérer le rôle des géants de l’énergie, du pétrole et du gaz, il vaut aussi la peine de considérer les grandes entreprises de manière plus globale. Plus largement, c’est le système économique dans son ensemble qui se trouve remis en cause par la crise climatique. Ou du moins qui devrait l’être.
Les articles suivants enquêtent sur les fausses solutions face au changement climatique que représentent la financiarisation de la nature, la géo-ingéniérie ou encore la climate-smart agriculture. Des projets fous, promus dans les arènes des négociations internationales au détriment d’alternatives existantes qui ont démontré leur efficacité pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et garantir des conditions de vie dignes et soutenables.
Autre solution proposée pour lutter contre la pollution atmosphérique et les émissions de CO2 : la voiture électrique, qui semble être une solution presque idéale. C’est en tout cas ce que pense le gouvernement, Ségolène Royal – ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie – en tête, qui ne ménage pas ses efforts pour en faire la promotion de ces véhicules « sans pétrole ». Problème : personne ne connaît les consommations réelles de ces véhicules. Après les scandales sur le diesel, faut-il vraiment faire confiance aux données fournies par les constructeurs ?
Le cinquième article de ce dossier se penche sur l’argent des cotisations de retraite et sur la façon dont une partie des excédents de ces cotisations est investi dans des secteurs très polluants et des entreprises controversées, alors qu’elles devraient garantir aux générations futures le bénéfice d’une protection sociale. C’est pourquoi le Fonds de réserve des retraites est la cible d’une campagne de mobilisation dont l’objectif est que les institutions financières retirent leurs investissements des secteurs qui contribuent fortement au changement climatique.
L’avant dernier article du dossier enquête sur l’extension de la prospection minière et pétrolière en Arctique grâce au réchauffement. En effet, au cours des décennies écoulées, la région située à l’intérieur du cercle polaire s’est réchauffée deux fois plus vite que le reste de l’hémisphère Nord. Chaque année, les médias internationaux font leurs grands titres sur le nouveau record de fonte de la banquise, et sur la proportion de plus en plus importante de l’océan Arctique devenue une mer ouverte durant l’été. Ce mois de février 2016 a vu de nouveaux records de température : 5ºC de plus que la normale selon la NASA, voire 10ºC de plus à certains endroits. Les régions polaires vont-t-elles se retrouver « dépossédées de leur hiver », comme le craignent les habitants de Fort Yukon, en Alaska ?
Enfin, le tout dernier article est un entretien avec Pablo Servigne et Raphaël Stevens, auteurs du livre "Comment tout peut s’effondrer". Sur les neuf frontières vitales au fonctionnement du « système Terre », au moins quatre ont déjà été transgressées par nos sociétés industrielles, avec le réchauffement climatique, le déclin de la biodiversité ou le rythme insoutenable de la déforestation. Transgresser ces frontières, c’est prendre le risque que notre environnement et nos sociétés réagissent « de manière abrupte et imprévisible », préviennent Pablo Servigne et Raphaël Stevens. Rappelant l’ensemble des données et des alertes scientifiques toujours plus alarmantes, les deux auteurs appellent à sortir du déni. « Être catastrophiste, ce n’est ni être pessimiste, ni optimiste, c’est être lucide ».