Depuis dix ans, le Venezuela souffre d’une profonde crise politique, économique et humanitaire qui a vu près de huit millions de personnes quitter le pays. Deux déterminants fondamentaux ont provoqué cette crise : d’une part, l’inefficacité, la corruption et le contrôle militaire d’une grande partie de l’économie, ainsi que l’expansion à grande échelle d’une économie criminelle liée au trafic de drogue et aux activités extractives. D’autre part, les sanctions économiques sévères imposées par le gouvernement américain en violation du droit international qui ont causé d’énormes dommages à la population la plus vulnérable. Ces sanctions affectent particulièrement l’industrie pétrolière qui constitue la principale source de revenus du pays depuis plus d’un siècle.
En amont des élections du 28 juillet, un consensus s’était construit entre presque toutes les organisations politiques du pays, de droite comme de gauche, pour reconnaitre que l’enjeu était de vaincre Maduro afin de récupérer la démocratie et la Constitution de 1999. A l’aide de fraudes électorales massives, et alors qu’il devait normalement faire face à une défaite écrasante, Maduro a pourtant réussi à faire ratifier sa réélection. Des manifestations ont alors éclaté dans tout le pays auxquelles le gouvernement a répondu par une répression généralisée. Cette période marque la transition d’un gouvernement aux tendances autoritaires vers un régime dictatorial.
Une partie de la gauche internationale continue de soutenir Maduro sans savoir, ou sans vouloir savoir, ce qui se passe réellement dans le pays. Cela nuit gravement aux luttent anticapitalistes nationales mais aussi internationales. La réalité est que Maduro s’est assuré du soutien des militaires pour mettre en place un gouvernement dirigé par une "alliance civile-militaire-policière" selon ses propres mots. C’est un gouvernement de droite, répressif, appliquant des politiques économiques néolibérales, et renforçant l’extractivisme au dépend de la nature et des droits des peuples indigènes. L’armée et la police sont les piliers du gouvernement actuel.
La gauche vénézuélienne est très faible aujourd’hui, et la reconstruction d’un front uni de gauche au Venezuela va être longue et très difficile. Même si de nombreux ministres et fonctionnaires d’Hugo Chavez s’opposent aujourd’hui à Maduro et si ce gouvernement bénéficie d’un soutien limité de la part de ses bases populaires, toute référence au socialisme ou à la gauche est actuellement associée à la corruption et à l’autoritarisme de Maduro.
Pour autant, l’objectif principal aujourd’hui est de concentrer les actions sur le respect des droits de l’homme et des principes fondamentaux de la démocratie.
Pour ce qui est de l’information, les médias traditionnels sont sous le contrôle du gouvernement. Les médias sociaux sont utilisés mais tout le monde n’y a pas facilement accès et ils sont aussi facilement manipulables ou bloqués par le gouvernement par intermittence.