L’échec des politiques de développement mimétique, l’essoufflement des moteurs idéologiques des États postcoloniaux et les crises laissées ouvertes par la libéralisation économique nourrissent le mécontentement populaire dans le monde arabe. Émeutes, nouveaux syndicats autonomes, mouvements islamistes, associations de base et ONG, minorités nationales butent contre l’autocratisme autoritaire des régimes en place, monarchies et républiques.
Si prétendre dresser un État des résistances dans le monde arabe semble à première vue relever de la gageure, c’est d’abord le résultat des puissants lieux communs qui structurent l’imaginaire occidental en la matière. Un imaginaire souvent nourri par l’indifférence et l’ignorance, mais aussi par le mépris ou la méfiance, que la proximité géographique tend d’ailleurs plus à exacerber qu’à atténuer. À l’inverse de l’Amérique latine dont Marc Saint-Upéry (2007) parle à raison comme du « lieu d’un exotisme étrangement familier et de l’espace de projection privilégié » en particulier pour la gauche européenne, les rives méridionales et orientales de la Méditerranée renvoient davantage à « un voisinage étrangement distant » et à « une source de perplexité répétée ». Deux clichés dominants voilent singulièrement nos perceptions des dynamiques contestataires à l’oeuvre dans cette région.
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