Confessionnalisme, partis, violence politique et (in)sécurité

by Karam Karam

, par CETRI

Les derniers soubresauts de la vie politique libanaise mettent en lumière les fragilités du système consensuel sur lequel est organisé le système politique et révèlent en même temps toutes les difficultés à le transformer. Malgré la guerre civile qui a divisé le pays entre 1975 et 1990, pendant longtemps, on a voulu croire dans les vertus de la formule consociative. Le communautarisme politique et le recours à un mode de gouvernement par consensus est devenu une formule politique institutionnalisée, consolidée et stabilisée, sous la forme du système institué par le Pacte national de 1943 et confirmé par l’accord de Taëf qui a mis fin à la guerre en 1990. Tous deux fixèrent le partage des grandes fonctions de l’État entre les différentes communautés (présidences de la République, du Conseil des ministres et du Parlement, les sièges parlementaires et gouvernementaux, les fonctions de première catégorie, etc.).

L’accord de Taëf maintint le partage communautaire et confessionnel des pouvoirs et de la représentation politique en redistribuant les prérogatives entre les trois présidences. Une grande partie des pouvoirs et des fonctions du président de la République, de confession maronite, fut transférée au Conseil des ministres, présidé par un Premier ministre de confession sunnite. Quant au pouvoir et au rôle du chef du Parlement, de confession chiite, il fut aussi renforcé. Ainsi, selon les réformes constitutionnelles apportées par Taëf, les sièges au sein du parlement et au sein du gouvernement ont été partagés de façon égale entre les musulmans et chrétiens, et proportionnellement entre les différentes confessions au sein de chaque communauté. Plus généralement, le système politique s’organisa ainsi autour d’une définition communautaire des enjeux politiques, des intérêts sociaux et de leurs modes de représentation. Lire