Le défi d’être une femme autochtone au Guatemala

Chronologie sur le Guatemala

, par CIDES

Cette chronologie est en partie extraite du site du Collectif Guatemala

Vers 2 000 av. JC : Naissance des premières civilisations mésoaméricaines (Sud du Mexique, Amérique centrale). Les populations se sédentarisent et l’agriculture se généralise.

Vers 600 av. JC : Début de la civilisation maya (préclassique). Construction des premières grandes cités.

Entre 250 et 900 : Période classique : apogée de la civilisation maya qui se caractérise par son organisation sociale et politique, sa maîtrise architecturale, l’emploi de l’écriture et de calendriers.

À partir de 800  : Début du déclin de la civilisation maya, influence des Toltèques, et abandon des principales cités.

1492 : Christophe Colomb aborde les côtes de Cuba et d’Haïti.

1524 : Début de l’invasion espagnole du Guatemala

Alvarado, lieutenant de Cortès, assujettit les populations autochtones et établit un régime colonial qui perdurera près de trois siècles, malgré de nombreuses phases de rébellions.

1541 : Le Guatemala est incorporé dans la Capitainerie générale du Guatemala qui comprend toute l’Amérique centrale sous la dépendance du vice-roi du Mexique.

1542 : Les Leyes Nuevas, (Nouvelles Lois des Indes) promulguées par Charles Quint, à l’instigation de Bartolomeo de Las Casas, visent à protéger les autochtones en interdisant l’esclavage et le système des encomiendas. Elles se heurtent à l’hostilité des colons

1821 : Proclamation de l’indépendance et rattachement à l’empire mexicain jusqu’à sa chute en 1823.

1823-1841 : Le Guatemala crée la « République fédérale d’Amérique centrale », avec le Salvador, le Honduras, le Nicaragua et le Costa Rica.

1841 : Indépendance du Guatemala

1844 : Aux origines métissées autochtones et noires (zambo), Rafael Carrera devient le premier président du Guatemala, suite à différents événements politiques, incluant un mouvement de rébellion autochtone qu’il mène dans le Sud-Est du pays. Il gouverne de façon dictatoriale et se fait proclamer président à vie en 1854, conservant le pouvoir jusqu’à sa mort, survenue en 1865.

1871 : Réforme libérale. Développement d’un capitalisme agro-exportateur (café). Travail obligatoire et héréditaire imposé aux indigènes qui perdent massivement leurs terres au profit des grands propriétaires terriens, espagnols, européens ou américains.

1901 : La United Fruit Company s’installe au Guatemala : Les dictatures de Manuel José Estrada Cabrera (de 1898 à 1920) et de Jorge Ubico (de 1931 à 1944) lui accordent de nombreux privilèges notamment au détriment des communautés autochtones : le Guatemala devient une « république bananière », soumise aux intérêts de cette entreprise états-unienne.

1944 : Révolution d’octobre : Parenthèse démocratique avec la présidence d’Arevalo puis d’Arbenz. Réformes sociales comme l’abolition du travail obligatoire et tentative de réforme agraire.

1954 : Coup d’État soutenu par la CIA. Violente répression et succession de neuf gouvernements militaires.

De 1960 à 1996 : conflit armé entre la junte au pouvoir et les groupes rebelles de gauche

1962 : Apparition des premières guérillas.
Les opérations armées débutent dans les années 1970 ; le conflit armé interne dure 36 ans (1960-1996) et provoque la mort ou la disparition de 200 000 personnes, en majorité civiles et autochtones. Un million de personnes sont déplacées (réfugiés, déplacés internes).

1976 : Un tremblement de terre fait plus de 20 000 victimes.

1978 : Création du CUC (Comité de Unidad Campesina/Comité d’Unité Paysanne).

1981 : Accord signé entre le Guatemala et la Grande-Bretagne qui met fin aux revendications territoriales du Guatemala sur une partie du Honduras britannique (devenu le Belize en 1964).

1982 : Prise de pouvoir par le général Efraín Ríos Montt : la violence du conflit culmine et les exactions des militaires se multiplient.

1983 :
22 mars  : levée de l’état de siège et promulgation de lois qui devraient permettre à la population de « s’exprimer et de s ‘organiser librement ».
8 août : la dictature d’Efraín Ríos Montt est destituée. Cela marque la fin de la période de « violencia » (violence).

1986-1991 : Gouvernement de Vinicio Cerezo (démocrate-chrétien). Transition démocratique + élection d’un civil. Mais le contrôle de l’armée reste important → Forte déception de la société civile. Des groupes font entendre leur voix, principalement des victimes du conflit, des personnes déplacées, des paysans sans terre. La société civile se réorganise.
L’émergence du Mouvement Maya comment à prendre forme.

1991-1993 : Jorge Serrano (Mouvement d’action sociale – MAS), évangéliste proche d’Efraín Ríos Montt arrive au pouvoir. Crise de légitimité. Les organisations populaires continuent leur reconstitution malgré une répression continue et la population autochtone confirme son dynamisme dans le mouvement populaire (campagne "500 ans de résistance autochtone noire et populaire" en 1992).

1992 : Rigoberta Menchú Tum, femme maya quiché, militante du CUC, reçoit le prix Nobel de la Paix.

1993-1996 : Gouvernement de Leon Carpio. Pouvoir des militaires, violations des droits humains, corruption. Virage d’un travail de dénonciation à celui de proposition, qui permet d’envisager une participation constructive au processus de paix.

1995 : L’État guatémaltèque reconnaît pour la première fois les Xinkas et les Garifunas comme groupes ethniques au pays, à travers l’Accord sur l’identité et les droits des peuples autochtones signées entre les parties du conflit interne armé.

1996-2000 : Gouvernement d’Alvaro Arzu (Parti d’Avancée Nationale – PAN). Démobilisation de la guérilla, dissolution de certains corps d’armée ou paramilitaire responsables de la politique contre-insurrectionnelle (Police militaire ambulante, Patrouilles d’autodéfense civile).

29 décembre 1996 : Renaissance des organisations mayas. Signature des Accords de paix ferme et durable dont celui sur l’Identité et les droits de peuples indigènes.
Avril 1998 : Rapport du REMHI (Récupération de la mémoire historique) et assassinat de l’évêque coordinateur du projet, Mgr Gerardi.

1999 : Rejet par referendum des réformes constitutionnelles nécessaires à l’application de l’Accord sur les droits des peuples indigènes, suite à une campagne de dénigrement orchestrée par le Comité coordinateur des associations commerciales, industrielles et financières (CACIF) arguant, entre autres, que la mise en œuvre de l’Accord contribuerait à la balkanisation du pays.
Rapport de la Commission d’éclaircissement historique des Nations Unies qui dénonce la responsabilité de l’État dans 93 % des cas des violations des droits humains.

2000-2003  : Le FRG (Front républicain guatémaltèque) et Alfonso Portillo (homme de paille d’Efraín Ríos Montt) au pouvoir. Retour en arrière généralisé. Maintien de la corruption, recrudescence de l’activité des groupes armés clandestins et règne de l’impunité.

2002 : Rigoberta Menchú et un groupe de victimes portent plainte en Espagne pour génocide et crimes contre l’humanité.

2004-2007 : Gouvernement d’Oscar Berger, représentant de l’oligarchie industrielle et terrienne, du parti Grande alliance nationale (GANA) (droite conservatrice). Projets économiques et industriels favorisés au détriment des projets sociaux.

2004 : Premiers accords pour l’entrée du Guatemala dans l’Accord de libre-échange entre les États-Unis, l’Amérique centrale et la République dominicaine (CAFTA-DR).

2008-2012 : Gouvernement d’Alvaro Colom du Parti de l’Union nationale de l’espérance (UNE) (social-démocrate à centre droit).

2012-2016 : Gouvernement d’Otto Perez Molina, du Parti patriote (droite conservatrice), général à la retraite.

2013 : La Cour constitutionnelle émet son verdict de culpabilité contre Rios Montt puis l’annule quelques semaines plus tard.

2015 : Début du second procès pour génocide de Rios Montt le 5 janvier, puis nouveau report.
Printemps : La CICIG met à jour des enquêtes pour corruption impliquant des hauts fonctionnaires, incluant le président Pérez Molina et sa vice-présidente, Roxana Baldetti. Des manifestations secouent la capitale [1] pour exiger leur démission.
Septembre : Démission du président Pérez Molina, levée de son immunité diplomatique et emprisonnement préventif. Élection de Jimmy Morales, acteur comique sans expérience politique qui met la lutte contre la corruption au cœur de son programme électoral. Son parti, le Front de convergence nationale (FCN) (droite conservatrice chrétienne), a été fondé par des membres de l’Association de vétérans militaires du Guatemala (AVEMILGUA) inquiets par certaines politiques post-conflit.

1er avril 2018 : mort de l’ancien dictateur Rios Montt ; par conséquent, abandon de son procès.

2019 : Dissolution de la CICIG (Commission internationale contre l’impunité au Guatemala). Après trois tentatives infructueuses aux élections présidentielles auprès de trois partis différents, le médecin non pratiquant Alejandro Giammatei du parti Vamos (droite catholique conservatrice) est élu président.
Signature entre les présidents Donal Trump et Jimmy Morales d’un pacte migratoire imposé par les États-Unis transformant le Guatemala en « pays tiers sûr », permettant ainsi la déportation de migrants honduriens et salvadoriens en territoire guatémaltèque. L’Accord sera annulé par Joe Biden en 2021.

2020 : Début de l’administration Giammattei (2020-2024). Pandémie de Covid-19. Ouragan et inondations.
21 novembre : Manifestation contre le budget 2021 (qui néglige la lutte contre la pauvreté) et appel à la démission du président ; émeutes et incendie du Parlement, possiblement par des agents perturbateurs.

2021
3 mai  : Le président mexicain Andrès Manuel Lopez Obrador et le président guatémaltèque Giammattei présentent au peuple maya des excuses « pour les terribles abus commis par des individus et des pouvoirs nationaux et étrangers » depuis la Conquista (la conquête du continent) à l’occasion des cinq cents ans de celle-ci.
1er juillet : Arrestation de 12 anciens militaires pour leur rôle dans l’affaire du « Diario militar », prouvant la participation directe de l’armée guatémaltèque à des crimes contre l’humanité pendant la période du conflit armé.